Mise en page
n° 30 - mai 2010
journal des Magasins du Monde
QuDesi d élpiceas ésquitablees à la cas erole ?
et des produits locaux . pas les cultivateurs
La vie du mouvement
Changeons de recette !
L'agriculture contractuel e
Main basse sur les
semences du monde
Action citoyenne
Le pil age des ressources
naturel es continue
Nous sommes tous au Sud de quelqu'un
La vie du mouvement: Campagne
Soirée sympa, en janvier. Voilà-t-y pas qu'on nous sert des
«Changeons de recette» !
haricots «frais». Si tout va bien, un gaffeur de service deman -
dera d'où viennent ces haricots. Immanquablement, nous
finissons par entendre quelque chose du genre «est-ce
écologique d'imposer de tels voyages à ces braves haricots?»
contractuel e de proximité
Non, mais il faut bien que le père Ouattara, cultivateur de son
La souveraineté alimentaire,
métier, gagne sa vie, quelque part du côté d'Ouagadougou,
un enjeu au Nord et au Sud
non? Oui, mais combien touche-t-il? Et puis, est-ce un
Main basse sur les semences
légume qu'habituel ement les Burkinabés mangent? Bah, ils
n'ont qu'à s'y mettre! Ah oui? Et nous, nous sommes-nous mis au manioc?
Au bout d'une heure ou deux, on finit par admettre que, oui, bon, faudrait p't'être
aussi que le paysan de Fiou (val d'Aoste) ou de Sarreyer (val de Bagnes) puisse
aussi toucher le puck, non? Celui de l'Auberson aussi, d'ail eurs ! Mince de mine,
des quatre coins du monde
c'est bien beau, mais leurs abricots et leur beurre sont vachement plus chers! Sans
La voix des producteurs et productrices
parler des vins valaisans, comparés à ceux d'Australie…
Kagera Co-operative Union,
Tout ça pour dire que je préfère UN verre d'Humagne à 3 décis de tort-boyaux, une
pionniers tanzaniens
entrecôte naturel e de Haute-Savoie à un truc bourré de Dieu sait quoi, sous licence
et brevets divers. Mangeons mieux et moins, par exemple. D'ail eurs nous sommes
La vie du mouvement
tous à nous gaffer de notre surpoids, non?
Les paysans de France et de Navarre, en passant par Sarreyer, on sera un peu
au commerce équitable
gênés, quand ils auront tous mis la clé sous la pail e et le son. Pour le moment, c'est
l'ensemble des paysans de la planète, qui est en train de passer à la casserole. Et
c'est l'OMC qui traîne ses casseroles d'injustice. Nous sommes tous le pauvre - ou
Carré d'agneau à l'ail des ours,
le riche - de quelqu'un, dit-on; dit autrement, nous sommes tous au Sud - au Nord
crème de moril es à la Petite Arvine,
- de quelqu'un.
riz noir et asperges vertes
Finalement, le commerce équitable, cela implique un vrai revenu pour le producteur,
quel qu'il soit, et cette forme de justice qu'est un produit sain, à l'autre bout de la
chaîne. Une chaîne, en principe, ça a deux bouts ! Et les deux sont à respecter. La
Le pil age des ressources
malbouffe, vous trouvez ça honnête et équitable, vous?
naturel es continue
Etre ensemble à table, c'est tel ement beau. Prendre le temps, goûter les saveurs,
parler… Le slow-food, ça se dit comme ça, non? C'est une autre manière de vivre
qui respecte le monde et le rythme des saisons!
C'est ce qu'on a fait, finalement, lors du repas de janvier. D'ail eurs on a fini par être
d'accord sur presque tout.
Jean-Daniel Robert
Impressum Journal des Magasins du Monde ex
aequo n° 30 - mai 2010 - Tirage 800 ex.
4 parutions par an Editeur Association romande des Magasins du Monde
Rue de Genève 52 - 1004 Lausanne
Tél. 021 661 27 00 - Fax 021 661 22 20
[email protected] - www.mdm.chCCP 12-6709-5 - Association Romande des Magasins
du Monde - 1004 LausanneAbonnements Bénévole MdM CHF 30.- Ami CHF 60.-
Soutien CHF 100.- Parrainage CHF 350.-L'équipe de rédaction Elisabeth Kopp-Demougeot -
Caroline Piffaretti - Mathieu Delaloye - Anne Monard Ont col aboré à ce journal Jean-Daniel Robert
Jocelyne Christen - Valentina Hemmeler Maïga
Catherine Morand - Thierry Schlatter
Elisabeth PirasPhotos Uniterre - Swissaid - Claro - GEPA
Griet Hendrickx - ASRO - Thierry Schlatter
Déclaration de Berne - Atelier Diaphane Maquette et graphisme Atelier Diaphane Lectorat Gérald Devenoges
Daniel et Elisabeth DevaudPhoto couverture Atelier DiaphaneImpression Papier recyclé
Imprimerie Jurassienne, Delémont
Plus d'infos sur www.fairtradebreakfast.ch
Envois postaux Magasin du Monde
Groupe de Delémont
ex aequo n° 30 - mai 2010
La vie du mouvement campagne
Changeons de recette !
La possibilité de vendre sa production
à un bon prix et de pouvoir vivre de son
travail est un rêve inaccessible pour un
nombre bien trop grand de paysans et
paysannes. La campagne d'information
2010 des Magasins du Monde est une
invitation à agir pour inverser cette
Les émeutes de la faim et la pauvreté
touchant de plus en plus de personnes en
milieu rural au Sud, tout comme
l'exploitation honteuse d'ouvriers agri -
coles dans certaines régions d'Europe
sont des signaux forts. Les personnes qui
produisent de la nourriture sont les
premières victimes du modèle agricole
basé sur la monoculture, les exportations
et les profits de quelques acteurs. El es ne
disposent souvent pas de revenus suf -
fisants pour subvenir à leurs besoins et à
ceux de leurs famil es. Partout, l'agri -
culture familiale est mise sous pression.
Pourtant, de nombreuses voix la jugent
centrale pour répondre aux défis actuels
et futurs d'alimentation, d'emploi et de
gestion durable de l'environnement.
Du côté des consommateurs, les citoyen-
ne-s du Nord trouvent sur les rayons
toujours plus de produits standardisés,
pol uants, sur-embal és, peu sûrs pour la
santé et surtout inéquitables.
Comment les produits que nous achetons les personnes au centre, non pas le profit Délices équitables et produits de
ont-ils été fabriqués? Peut-on nous as - de quelques-uns. Des mouvements paysans saison cultivés localement
surer qu'ils ne sont pas le fruit de l'exploi - et sociaux de toute la planète revendiquent En optant pour des produits du commerce
tation de travail eurs et des ressources ainsi un changement radical, notamment le équitable, nous soutenons des petits
naturel es? Trop souvent, ces questions droit à la souveraineté alimentaire.
paysans qui appliquent des méthodes de
demeurent encore sans réponse.
culture durables adaptées à leur envi ron -
En tant que consommatrices et consom - nement. Nous disons non aux monocul -
Changeons de recette !
mateurs, nous avons la possibilité de tures et aux OGM. Nous soutenons une
Cultiver des produits, les acheter, les ven - choisir une alimentation saine, savou reuse, agriculture familiale et une économie
dre, se nourrir: ces actes ne devraient pas respectueuse de l'environ nement. Et de solidaire, en mesure de produire pour sa
être soumis aux exigences du commerce donner un signal clair: nous voulons la propre consommation et pour les marchés
international ou des spéculateurs.
certitude que, au Sud comme au Nord, les locaux, à côté des produits destinés à
Les règles politiques et économiques paysans et paysannes ne passent pas à la l'exportation.
nationales et internationales doivent mettre casserole.
En optant pour des produits locaux de
ex aequo n° 30 - mai 2010
saison et des chaînes d'approvi sionne -
ment courtes, nous soutenons les paysan-
e-s de nos régions et favorisons le revenu
de ceux qui produisent, plutôt que celui
des intermédiaires et spéculateurs. Nous
diminuons aussi l'impact environnemental
de notre alimentation. Chez le paysan, au
marché, en s'abonnant à un panier selon
le système de l'agriculture contractuel e
de proximité: les possibilités se multiplient
pour les consommateurs et les consom -
matrices romand-e-s de choisir des
produits issus de l'agriculture locale.
Réfléchir, agir et partager… des idées,
et des bons plats !
De fin avril à octobre les Magasins du
Monde sensibilisent le public romand avec
la campagne «Qui passe à la casserole?».
Par des animations, des conférences, des
projections de films, ainsi que par des
stands et des dégustations proposées lors Photo: Atelier Diaphane
de plusieurs manifestations en Suisse
8 mai 2010, Journée mondiale du commerce équitable
Fidèles à leur approche pratique, les
Les Magasins du Monde se mobilisent, pour faire passer le message d'un commerce
Magasins du Monde invitent aussi cha -
plus juste et solidaire.
cun-e à passer à l'action concrète ment,
Action Fairtrade Breakfast
en combinant produits de saison et
Dans toute la Suisse, chacun-e, individu, famil e, entreprise ou administration, est
délices équitables. C'est en particulier le
invité-e à prendre un petit déjeuner équitable entre le 19 avril et le 23 mai 2010.
cas avec des recettes concoctées chaque
Les participant-e-s sont invité-e-s à s'inscrire sur le site www.fairtradebreakfast.ch,
mois spécialement pour les Magasins du
pour rendre visible leur engagement et participer au tirage de plusieurs prix. En
Monde par Thierry Schlatter, Chef de
partenariat avec Max Havelaar et claro fair trade, plusieurs petits déjeuners et
cuisine au restaurant Vieux-Bois et Ecole
brunchs équitables sont proposés au public par les Magasins du Monde. Par
hôtelière de Genève. Nous vous renvoyons
exemple, à Sion et La Chaux-de-Fonds le 8 mai, ou à Meyrin le 5 juin.
en page 14 de ce journal pour découvrir la
Des administrations publiques ont été incitées à soutenir le commerce équitable
recette du mois de mai. Bon appétit !
en prenant un «Fairtrade Breakfast». Des contacts sont en cours avec les vil es de
Genève, Zurich, Bagnes et La Chaux-de-Fonds.
Caroline Piffaretti
Extrait du programme d'animations et manifestations
29 avril Projection du film «Viviremos» au Salon du Livre à Genève
8 mai Petits déjeuners et dégustations dans les Magasins du Monde
11 mai Conférence «Le commerce équitable, ça marche?» au Club 44 de La Chaux-de-Fonds
de mars à juin Dans le cadre du programme «Onex, Vil e du Goût», ateliers de sensibilisation des enfants de l'école primaire
19 juin Stand et participation des Magasins du Monde à la Fête de la Solidarité à Courrendlin
septembre Repas équitable au Château Mercier à Sierre
ex aequo n° 30 - mai 2010
L'agriculture contractuelle de
Au Nord comme au Sud, des agriculteurs et agricultrices font face au défi
d'obtenir un revenu décent et une amélioration de leurs conditions de vie, tout
en continuant à travailler la terre selon des méthodes respectueuses de l'envi -
ronnement. Ils et elles veulent aussi pouvoir écouler une production de qualité et
assurer la gestion de leurs terres et de leurs semences. Des relations équitables
entre producteurs et consommateurs sont recherchées aussi dans nos régions.
Agriculture contractuelle de proximité
prix. Cela leur permet aussi de tisser des
L'agriculture contractuel e de proximité liens avec leurs client-e-s et de les sensi -
donne la priorité à la production locale, biliser aux problèmes du monde agricole.
dans une idée de souveraineté alimen -
taire, et fixe des prix équitables liés aux Paniers valaisans
coûts de production et de transformation. À l'instar d'autres cantons romands,
En Suisse romande, si l'initiative pionnière l'agriculture est très présente en Valais.
des Jardins de Cocagne à Genève a fêté L'agriculture contractuel e s'y développe
ses trente ans en 2008, il faut attendre également. L'exemple des «Paniers du
2003 pour voir l'agriculture contractuel e Bisse» il ustre cette nouvel e forme d'é -
de proximité prendre son essor. El e changes commerciaux entre producteur et
compte aujourd'hui une trentaine d'ini tia - consommateur. Produits au cœur du
tives, regroupées au sein de la «Fédéra - Valais, à Riddes, les «Paniers du Bisse»
tion romande de l'agriculture contractuel e sont distribués dans toute la plaine, de
de proximité». Ces différentes initiatives Monthey à Sierre. Pas moins de 400
offrent la possibilité d'obtenir des fruits et client-e-s sont d'ores et déjà abonné-e-s.
des légumes sous la forme de «paniers de L'offre étant inexistante en Valais à l'épo -
la région». Les produits proviennent de que du lancement en avril 2008, le
cultures biologiques ou de production producteur Lionel Favre peut se targuer
intégrée. Ils sont obligatoirement cultivés aujourd'hui d'avoir fait le bon calcul au
dans la région où ils sont livrés, sans bon moment. Alors que ses col ègues
intermédiaire entre le producteur et le agriculteurs pariaient plutôt sur la grande
consommateur. Transports et embal ages distribution, ce producteur (le seul
sont réduits au minimum et les modes de proposant des paniers 100% bio en Valais)
culture respectent l'être humain et voit aujourd'hui le 60% de sa pro duction
distribuée par le biais de ses paniers.
Les consommateurs souscrivant un A travers la campagne «Qui passe à la
abonnement auprès d'un producteur ou cas serole?», les Magasins du Monde prô -
Photo: Atelier Diaphane
d'une association reçoivent périodique - nent la complémentarité entre commerce
ment un panier de fruits et de légumes équitable et agriculture de proximité. Ils
frais cueil is à pleine maturité et à un prix veulent inciter les consommatrices et les
raisonnable. Le panier peut être complété consommateurs à faire des choix alimen -
par d'autres spécialités régionales tel es taires respectueux des personnes et de
que œufs, miel, vin, etc. L'abonnement lie l'environnement, al ant dans le sens de la
par contrat les maraîchers et les souveraineté alimentaire. L'agriculture
consommateurs pour un approvisionne - con tractuel e de proximité est une piste
ment en produits frais. Ce contrat définit pour y parvenir, puisqu'el e répond aux exi -
Pour en savoir plus
la qualité, la quantité, le mode de gences des paysan-ne-s, comme à cel es
production, les prix et les modalités de des consommatrices et consom mateurs.
livraison. De cette façon, les producteurs
et productrices sont rémunéré-e-s au juste
Jocelyne Christen et Mathieu Delaloye
ex aequo n° 30 - mai 2010
La souveraineté alimentaire, un enjeu au Nord et au Sud
La souveraineté alimentaire désigne le sous serre en Andalousie où les
droit d'une population, d'une région ou travail eurs sans-papiers sont exploités
d'un pays à définir leur politique et payés entre 15 et 28 euros par jour.
agricole et alimentaire, sans dumping Cette production assèche et pol ue les
de prix vis-à-vis de pays tiers. El e nappes phréatiques par l'utilisation
inclut l'accès aux ressources naturel es d'engrais et pesticides. Ce mode de
telles que la terre, l'eau ou les production est si peu durable qu'au jour -
semences et la nécessité d'envisager d'hui déjà, les Espagnols achètent des
des réformes agraires. La souve raineté terres au Maroc ou au Sénégal pour
alimentaire est une alternative au libre- délocaliser la production. Il en est de
échange dans le sens où el e remet même pour la production industriel e de
clairement en question l'orien tation porcs au Mexique par la compagnie
actuel e du commerce et affirme le droit nord-américaine Smithfield foods. Les
des pays à se protéger d'importations à porcs sont nourris avec des céréales
trop bas prix tout en renonçant aux états-uniennes, soignés par des vété ri -
subventions aux exportations. Elle naires et des médicaments états-
défend le droit des consommateurs et uniens, abattus au Mexique et la viande
consommatrices à être pleinement réexportée aux Etats-Unis. Restent aux
La souveraineté alimentaire est un informé-e-s sur les aliments comme sur Mexicain-e-s les nuisances environne -
concept défini par La Via Campesina, leurs modes de production et men tales et sanitaires, sans aucun
mouvement international regroupant revendique le droit des paysan-ne-s à emploi à la clé. Ce modèle agricole
des organisations paysannes et de obtenir des prix équi tables qui couvrent exportateur sert essentiellement les
travailleurs et travailleuses agricoles leurs coûts de production. La souve rai - intérêts des actionnaires des multina -
du Nord et du Sud. Apparu pour la neté alimentaire ne se veut pas corpo - tionales ou autres intermédiaires.
première fois en marge du sommet de ra tiste et encou rage un débat large de
la FAO1 à Rome en 1996, il n'est pas l'ensemble de la société sur les enjeux Le second modèle est celui d'une
réservé au seul hémisphère sud. C'est des politiques agricoles et alimentaires. agriculture paysanne familiale rému -
seulement lorsque nos poli ti ques
nératrice qui répond en premier lieu aux
agricoles respectives épou se ront ce Choisir entre deux modèles
attentes de la population et donne la
concept que nous pourrons nous Les agricultures paysannes du Sud et priorité à l'économie locale par rapport
attendre à des changements d'im - du Nord ne sont pas en opposition. à l'exportation. Cette deuxième voie
portance dans le secteur agri cole et C'est plutôt entre deux modèles que la peut se réaliser par la mise en place de
dans le commerce international.
société doit se positionner. Le premier, politiques agricoles inspirées du con -
essentiellement agro-industriel, s'o - cept de la souveraineté alimentaire;
rien te prioritairement vers l'exportation. c'est la réponse commune des orga ni -
Il mise sur la réduction massive des sations membres de La Via Campesina.
coûts de production, quitte à provoquer Pour Uniterre, syndicat paysan suisse
du dumping social ou environnemental. membre de La Via Campesina, il est
C'est le cas de la production de tomates indispensable que ce concept s'appli -
ex aequo n° 30 - mai 2010
que également dans notre pays. Tout Campesina2. L'ébauche de projet de nement et à l'alimentation. Un accès
récemment, nos col ègues du Sud ont nouvel article constitutionnel3 a pour aux semences doit être assuré à long
pressé les organisations paysannes objectif de promouvoir une production terme pour les paysan-ne-s. Les
européennes à s'impliquer plus active - agricole indigène rémunératrice notam - accords internationaux que la Suisse a
ment sur ce dossier afin d'orienter nos ment par la présence de nombreuses signé restreignent toujours plus l'accès
politiques agricoles vers la souveraineté personnes dans le secteur agricole. libre aux semences.
alimentaire. La Via Campesina est Pour envisager l'avenir de notre pro - Ce projet d'initiative populaire n'en est
consciente que si l'Europe ne s'engage duction agricole, il faut encourager qu'à ses débuts. A ce jour, l'objectif
pas plus, toutes les initiatives du Sud, l'instal ation des jeunes alors que tout d'Uniterre est de le faire connaître et
aussi bonnes soient el es, seront sans est actuel ement fait pour les dissuader. d'écouter les avis des potentiels al iés.
résultat sur le commerce mondial.
Nous voulons que des conditions cadres Donner corps à la souveraineté
Depuis 12 ans, nous promouvons la soient fixées pour que les filières alimentaire
souveraineté alimentaire dans diffé - interprofessionnel es soient plus effica - Il est indispensable de mettre l'agri -
rents milieux. Dans le cadre de la ces et démocratiques, qu'el es gèrent culture et la souveraineté alimentaire à
réforme de la politique agricole 2011, les quantités et fixent des prix rému né - l'agenda «citoyen». La crise alimentaire
nous avons estimé qu'il fal ait franchir rateurs d'un commun accord entre les a tout de même eu cela de bon qu'el e
un pas supplémentaire et envisager une différents échelons de la filière. Quant a, pour un temps, rendu la population
reconnaissance institutionnelle. Ce aux travail eurs agricoles, ils doivent attentive à la question de l'alimentation.
processus est largement soutenu par La jouir de conditions de travail harmo ni - Il faut faire vivre le thème de l'a gri cul -
Via Campesina qui, lors de sa 5ème sées sur le plan suisse. Nous ture et de l'alimentation par des discus -
Conférence internationale qui s'est souhaitons que différentes formes sions dans les cercles d'ami-e-s, dans
tenue en 2008 au Mozambique, a juridiques d'exploitation soient recon - les associations et les partis mais aussi
appelé ses membres à lancer des nues et que les crédits étatiques soient par des actes sur le terrain, par
démarches pour élaborer des lois ou accessibles aux exploitant-e-s agricoles exemple par la promotion de projets
constitutions qui reconnaissent le droit sur la base de la viabilité de leurs concrets tel e que l'agriculture contrac -
à la souveraineté alimentaire.
projets et non seulement sur des tuel e de proximité. Le débat citoyen sur
critères qui sont actuel ement discri - la souveraineté alimentaire doit prendre
Valable et nécessaire en Suisse
minatoires tels que la tail e ou le type racine en Suisse et ne doit pas se
Intégrer la souveraineté alimentaire de production. En ce qui concerne les limiter aux organisations paysannes.
dans notre Constitution serait un atout. échanges commerciaux, nous voulons
C'est indéniable pour les paysans et les garantir le droit de se protéger des
Valentina Hemmeler Maïga
consommateurs en Suisse, mais ce importations à trop bas prix. Quant aux
serait également un signal très fort consommateurs, ils doivent être infor -
Pour en savoir plus
envoyé à nos col ègues sur le plan més des conditions de production et le
international puisque nous engagerions principe de précaution doit être garanti
la dynamique dans les pays dits dans les domaines touchant à l'environ -
«industrialisés», avec un texte aussi
1 Food and Agriculture Organisation (organisation de l'ONU)
proche que possible de celui de La Via
2 Le Mali, la Bolivie, le Venezuela, l'Equateur, le Népal ont déjà ou vont intégrer ce concept dans leur législation.
3 Disponible sur le site: http://www.uniterre.ch/Dossiers/politiqueAgricole.html
ex aequo n° 30 - mai 2010
Avec sa campagne «La liberté plutôt que
la dépendance aux multinationales des
semences», Swissaid s'engage sur le
terrain pour que les communautés pay -
san nes dans les pays du Sud puissent
continuer à utiliser, développer, protéger
leurs propres semences.www.swissaid.ch
Une arche de Noë stocke les semences
Lorsqu'on voit à quel point l'Union euro -
péenne peine à résister aux assauts des
multinationales agrochimiques, on peut
imaginer à quel point les pays du Sud, le
plus souvent économiquement sinistrés et
politiquement fragiles, se retrouvent sans
défense face à une force de frappe qui
Main basse utilise tous les moyens politiques, éco -
nomiques, militaires, pour imposer leurs
sur produits.
Dans le même temps, les fondations
les semences du monde
philanthropiques états-uniennes Bil
Gates, Rockefel er, avec l'appui de la
Banque mondiale et des grands
semenciers, ont créée une Al iance pour
une révolution verte en Afrique qui vise à
introduire des semences hybrides à fort
Depuis des temps immémoriaux, les Froid dans le dos
rendement, qui nécessitent de grandes
paysan-ne-s produisent leurs propres Le processus en cours fait même froid quantité d'eau, d'engrais et de pesticides,
se mences, les échangent, les dans le dos. Comment accepter en effet et, à terme, des semences transgéniques.
améliorent. Mais depuis quelques que la diversité des semences soit prise C'est toute la biodiversité africaine qui est
années, on assiste à une véritable en otage par quelques multinationales qui menacée par cette nouvel e initiative, qui
main basse sur ce qui constitue pourtant ont leur propre agenda, des parts de ne tient aucun compte des expériences
un patri moi ne de l'humanité. Et la marché à conquérir pour satisfaire des passées.
machine s'embal e…
actionnaires toujours plus avides, et que
rien ne soit fait pour limiter leur accapa - Or, ces entreprises qui travail ent à une
C'est en effet à coups de mil iards de
rement? Je m'étais rendue en Inde, il y a uniformisation du patrimoine génétique
dol ars que, depuis des années, la firme
quelques années pour le compte de végétal de l'humanité, stockent une infinie
américaine Monsanto rachète dans le
SWISSAID. J'avais pu alors constater à variété de semences originaires de toute
monde entier de petites sociétés semen -
quel point la résistance des cultivateurs la planète dans une sorte d'arche de Noë,
cières, s'introduit dans les centres de
était vive à l'égard du coton Bt trans gé - enfouie dans une chambre forte en béton,
recherches agricoles, salarie des cher -
nique de Monsanto. Mais la firme états- dans un archipel norvégien. La col ection
cheurs, exerce des pressions insensées
unienne a investi des mil iards de dol ars de graines atteint déjà les quelques
pour que les semences transgéniques se
dans une publicité délirante, visant à 500'000 variétés différentes, et peut en
substituent aux semences traditionnel es.
persuader les paysans indiens, déjà pris à accueil ir jusqu'à 4,5 mil ions. Les
Les autres multinationales qui produisent
la gorge par un endettement démesuré, fondations Bil Gates, Rockefel er, mais
des OGM, tel es que Syngenta, DuPont/
qu'ils al aient faire fortune en plantant du aussi Monsanto, Syngenta, etc. ont investi
Pioneer, BASF, ne sont pas en reste. La
coton transgénique. Aujourd'hui, on ne dans ce projet. Mais la gestion de cette
résistance des Etats s'effrite. La Suisse se
trouve pratiquement plus de semences de banque de semences mondiale est de plus
trouve de plus en plus seule à résister, el e
coton traditionnel es. Les paysans sont en plus controversée, et relance plus que
qui vient de prolonger son moratoire sur
toujours plus endettés, se suicident par jamais le débat sur la propriété du vivant
les OGM jusqu'en 2013. Pendant ce
mil iers. Qui est responsable?
et du patrimoine génétique végétal de
temps, la mainmise sur les semences du
monde s'accélère partout sur la planète et
met à mal la biodiversité.
Journaliste, Swissaid
ex aequo n° 30 - mai 2010
Des épices
des quatre coins du monde
Aux côtés d'épices bien connues Le harissa
comme le poivre, le piment et la noix Elément indissociable de la cuisine de Le «Za'atar» est un mélange d'épices
de muscade, des spécialités comme l'Afrique du Nord, il confère un goût du Proche-Orient. Il est essentiel ement
le curcuma, la coriandre ou le cumin unique aux plats mijotés de légumes et savouré avec un morceau de pain, que
oriental attendent les gourmand-e-s de viande tels que couscous et tagines. l'on trempe tout d'abord dans de l'huile
dans les Magasins du Monde.
Le harissa est un mélange d'épices d'olive, du séré ou du yaourt et ensuite
composé de piments, de sel marin, de dans le «Za'atar». La combinaison
Toutes les épices importées en Suisse cumin, d'ail et de menthe.
soigneusement dosée de feuilles de
par Claro fair trade sont élaborées selon
«Za'atar», de graines de sésame
les directives du commerce équitable. La cardamome
blanches gril ées, de sumac et de sel
Les petits agriculteurs organisés en En Inde, el e représente la base de développe un goût qui se combine à
coopératives et les agriculteurs au Sri chaque plat de mélange d'épices merveil e aussi avec les plats de viande
Lanka, en Inde, au Pérou et en Israël Masala fraîchement préparé. Son arôme ou de légumes.
vivent en milieu rural, parfois difficile rafraîchissant, doux et piquant à la fois,
d'accès. Les femmes et les hommes se marie bien avec un curry de
Source: Claro faire trade
jouissent de droits égaux et obtiennent légumes, les desserts ou le chutney. La
Adaptation: Caroline Piffaretti
un juste prix pour la culture ou la cardamome donne une note douce à
transformation des épices. Les cultures des boissons tel es que le thé épicé ou
mixtes sont encouragées, tout comme le tchaï.
l'agriculture biologique. Ainsi, à
l'exception du «Za'atar», toutes les
épices de Claro sont certifiées
ex aequo n° 30 - mai 2010
La voix des producteurs et productrices
Co-operative Union,
Le café Ujamaa est au centre des premières activités du commerce équitable
en Suisse au début des années 70, avec l'action «du jute, pas du plastique» et
la solidarité avec le Nicaragua à travers son café. Ce partenariat pionnier avec
les caféiculteurs et caféicultrices tanzanien-ne-s a su évoluer avec le temps.
… à la promotion du commerce équitable tion de petits producteurs. KCU est aussi
La région de Kagera, enclavée entre le lac une des premières organisations de café
Victoria et le Rwanda, est isolée du reste label isées Fairtrade (Max Have laar) en
du pays. Le café est la principale et 1993. El e est, en outre, une des seules
souvent la seule source de revenu de la organisations travail ant dans le domaine
Du projet politique…
population. Il doit cependant d'abord de l'alimentation qui ait adhéré à
Arrivant de Tanzanie «en vrac», le café traverser le lac par bateau, puis être l'Organisation mondiale du commerce
soluble Ujamaa était mis en bocaux, cuil er acheminé par train ou par camion vers des équitable WFTO.
après cuil er, par d'innombrables béné - centres commerciaux et la vil e portuaire
voles… Il s'agissait de soutenir l'ancien Tanga. La création de coopératives La plus-value du produit fini
président tanzanien Julius Nyerere et son vil ageoises et de l'union des coopératives Grâce au partenariat de KCU avec le
projet, dès 1976, de développer un Kagera Co-operative Union (KCU) en 1955 commerce équitable, et en particulier au
«socialisme africain», basé sur les a permis aux petits producteurs d'assurer, prix minimum rémunérateur, les condi -
structures col ectives tradition nel es: dans un premier temps, la commer cia- tions de vie des petits caféiculteurs de
Ujamaa signifie en swahili «vivre en lisation du café. Toutefois, la nationali - Kagera se sont sensiblement améliorées,
famil e». Il s'agissait aussi de soutenir sation des coopératives imposée par même si le café exporté à des conditions
l'entreprise de l'Etat Tanica, seule usine Nyerere a entravé leur indépendance et équitables ne représente qu'un tiers de la
de café soluble qui n'était pas la propriété leur développement. Ce n'est que plu - production globale. KCU offre par ail eurs
d'une multinationale, et qui transformait sieurs années après l'échec du «socia - de nombreux services tels que formations,
les grains de café des petits producteurs lisme africain» et la démission du prési - encadrement technique, transport, promo -
de la région de Kagera. A cet effet, le dent en 1985 que les producteurs et les tion des femmes et scolarisation des
versement par Claro (anciennement OS3) productrices ont pu se réapproprier à enfants… Le traitement du café en grains
d'un supplément prélevé sur le prix de nouveau la commercialisation de leur est assuré par Bukop, une usine locale
chaque bocal de café a permis à Tanica café. Les organisations européennes du rachetée, grâce à la prime Fairtrade, par
d'instal er une chaîne de remplissage et commerce équitable, qui n'ont pas cessé KCU. La prime a aussi permis à KCU
d'embal age, et d'acheter un camion. d'importer du café soluble, y sont pour d'acquérir la majorité des actions de
Cette initiative bénéficiait évidemment beaucoup. El es ont favorisé, dès 1990, Tanica, de bénéficier ainsi de la plus-value
aussi aux fournisseurs de café en grains, l'exportation «équitable» de café en grains du produit fini, et d'assurer 50 emplois.
autrement dit aux membres des nom - de KCU, gérée à l'époque par l'Etat. Grâce De plus, une partie de la prime, qui s'est
breuses coopératives vil ageoises fondées à la détermination de ses membres et au élevée en 2008/09 à 443'375 dol ars,
à la fin des années 40 dans le but de partenariat avec le commerce équitable, revient aux coopératives vil ageoises. El es
briser le monopole des intermédiaires KCU a obtenu, rapidement, la première l'utilisent, en fonction de leurs besoins,
dont les petits producteurs dépendaient licence d'exportation accordée par le pour la réfection de routes, l'établis -
pour le transport du café.
gouvernement tanzanien à une organi sa - sement d'écoles, de dispensaires, etc.
ex aequo n° 30 - mai 2010
Hashiri Katakweba a 40 ans. Il vit avec sa
femme et ses cinq enfants dans le vil age
de Katoro, à 35 km - autrement dit à une
heure de route - de Bukoba. Comme la
plupart de ses voisins, Hashiri est
membre de la coopérative vil ageoise
affiliée à KCU. Pour assurer la
subsistance de la famil e, il cultive des
bananes plantains, du maïs, des patates
douces, des haricots et d'autres aliments
de base, et élève de la volail e, des lapins
et deux vaches qu'il trait tôt le matin.
Puisque le lait n'est pas entièrement
consommé par la famil e, Hashiri écoule
le surplus sur le marché local, ce qui lui
rapporte un petit revenu supplémentaire.
En effet, à Katoro, la seule source
importante de revenu est le café. Mais
Hashiri n'a pas trop de soucis. Il gagne
suffisamment d'argent pour envoyer trois
enfants à l'école supérieure, et pour
apporter des aménagements à sa ferme.
De plus, il bénéficie des services offerts
par la coopérative. Il peut par exemple se
procurer des jeunes caféiers à un prix
avantageux pour renouveler la plantation
et améliorer la qualité du café. Hashiri
possède à ce jour 789 caféiers. Encadré
par des conseil ers de KCU, il applique
depuis trois ans les méthodes de
l'agriculture BIO, ce qui lui permet
d'obtenir un prix encore plus élevé pour
son café. Paral èlement, il a appris à
mieux gérer sa ferme et à créer un
Photo: @ Griet Hendrickx
équilibre entre tous ses éléments, en
étant plus attentif aux plantes et aux
A qui profite le café BIO ?
café BIO va permettre, à terme, d'initier
animaux. Il est tel ement satisfait de la
La région de Kagera dispose de sols l'ensemble de ses mem bres aux
nouvel e manière de concevoir
fertiles et, jusqu'à présent, de conditions nouvel es technologies (com postage,
l'agriculture qu'il a accepté de former à
climatiques favorables. Le café est géné - rotations des cultures, recours aux
son tour d'autres membres de sa
ralement cultivé en association avec pesticides et insecticides natu-rels….). A
coopérative, autrement dit, d'assurer
d'autres plantes, en particulier des bana - savoir environ 60'000 pay sans répartis
bénévolement le rôle de «paysan
niers. Faute de moyens, les petits en 124 coopératives vil ageoises. Qu'à
promoteur». Hashiri a toutes les raisons
produc teurs n'emploient qu'exception - cela ne tienne: dès maintenant, le café
d'être fier de son travail !
nel ement des intrants chimiques mais BIO permet aux pro ducteurs certifiés
ne connais sent en général pas d'obtenir une prime sup plé mentaire et
Témoignage recueil i par Griet Hendrickx
l'utilisation du com post et d'autres favorise l'amélioration des conditions
méthodes naturel es. Dans le but de écologiques de la région, ce qui profite à
préserver la qualité des sols, d'améliorer l'ensemble de la population.
leur productivité ainsi que de faire face
aux effets du chan ge ment climatique de Baraza BIO, le rendez-vous est pris !
plus en plus tan gibles, KCU s'attel e Du café Arabica et Robusta de KCU est
depuis quelques années à l'introduction présent dans le mélange Baraza de claro.
des méthodes de l'agricul ture BIO. Il ne Après le Baraza Instant certifié BIO
s'agit donc pas, en premier lieu, de (soluble) depuis 2003, c'est le Baraza
satisfaire la demande des client-e-s moulu et en grains qui deviendra BIO en
européen-ne-s! Jusqu'à présent, 4 été 2010. Baraza, en swahili «la place du
coopéra tives vil ageoises, qui regroupent marché» ou encore «le lieu de
environ 5'500 caféiculteurs, ont obtenu rencontre», vous attend dans les
la certi fication BIO et 14 sont «en recon - Magasins du Monde.
version». KCU espère que la demande de
ex aequo n° 30 - mai 2010
La vie du mouvement
Commerce équitable, développement durable, économie solidaire. Ces
concepts sont relativement nouveaux, donc peu intégrés dans notre
conscience collective. Le grand public n'est encore que trop peu concerné
car trop peu informé. Or toucher un maximum de personnes implique
inévitablement l'éducation; une réelle sensibilisation passe par nos enfants:
ne nous y trompons pas, le monde de demain leur appartient !
fait souvent de manière participative, les
élèves étant alors amenés à dessiner,
jouer, prendre position. Autrement dit, ils
sont invités à s'investir, pour mieux
La Fête de la Solidarité
Associant une fête populaire à cette
démarche participative, la Fête de la
Animation à Genève Photo: ASRO
Solidarité est en passe de devenir une
institution au Jura. Lancée en 2001 par la
FICD (Fédération Interjurassienne de
Coopération et de Développement) qui la
Sensibiliser coordonne, cette fête est le point d'orgue
d'un processus de sensibilisation au
développement, à la coopération et à la
au commerce équitable solidarité. Forte de quatre éditions très
réussies, la fête investira le 19 juin 2010
les bâtiments des Ecoles primaires et
Une des missions prioritaires des secondaires de Courrendlin. Cette année
Magasins du Monde est la sensibi lisa tion encore, les Magasins du Monde sont
du public. L'éducation des enfants et des présents avant et pendant la fête, comme
jeunes au commerce équitable fait partie l'explique Jürg Furrer, enseignant chargé
intégrante de cet objectif. Le but visé est de la coordination de la fête: «Les
le développement d'un regard critique sur Magasins du Monde sont très présents
les fonctionnements du commerce durant la phase préparatoire et les
international, afin que les jeunes puissent activités sont, dans la grande majorité,
se forger leur propre opinion et être très appréciées. L'association fait des
capable de la soutenir. Les Magasins du propositions et les enseignant-e-s choisis -
Monde, par l'intermé diaire d'animatrices sent parmi l'offre. Une rencontre entre
bénévoles ou sala riées, proposent ainsi l'inter venant-e et l'enseignant-e a lieu
différentes ani ma tions dans les écoles. En avant l'intervention en classe.»
effet, en milieu scolaire, l'information
autour des problématiques environ - Concrètement, de quoi sont faites ces
nementales, éco no miques ou sociales interventions? La réponse d'Isabel e
passe souvent par l'animation; des Mioche-Henry, présidente du Magasin de
intervenant-e-s extérieurs au corps Porrentruy: «J'ai déjà fait deux animations
enseignant, sou vent membres d'asso cia - «cuisine aux épices» avec des élèves de
tions ou d'ONG, viennent alors présenter primaire, et deux animations «commerce
un sujet aux élèves. Cette présentation se équitable» et «culture et dégustation de
ex aequo n° 30 - mai 2010
Comment les intervenantes perçoivent-elles l'animation dans les écoles ?
Interview croisée de trois animatrices des Magasins du Monde, Isabel e Mioche-
Henry (IMH), Maude Kessi (MK) et Gladys Corredor (GC).
Quel poste occupez-vous aux
Quelle est votre motivation
Magasins du Monde et que
principale dans l'animation de
représentent-ils pour vous ?
classes scolaires ?
IMH: Je suis la présidente du Magasin de IMH: L'accueil des scolaires me paraît
Porrentruy depuis trois ans et bénévole important pour leur faire voir que le
depuis onze ans. Le magasin m'a permis commerce équitable n'est pas seule ment
de connaître le bénévolat, de compren dre une histoire de commerce mais surtout
le commerce équitable et ses impacts une histoire de personnes.
dans la vie de tous au Nord et au Sud.
MK: C'était important pour moi de garder
MK: Je suis animatrice pédagogique de un pied dans la vie profession nel e à côté
l'association valaisanne des Maga sins du de la gestion de la famil e.
Monde (salariée à 10%).
GC: Je suis l'animatrice de Genève, Vaud Que présentez-vous des
et Fribourg, et je suis bénévole du groupe répercussions du commerce
«les itinérants du commerce équitable».
équitable dans les pays du Sud ?
MK: Souvent je leur parle des projets
thés» avec des 8èmes. En mai, j'interviendrai
Combien d'animations faites-vous par communautaires réalisés grâce à la
dans quatre classes de 7ème, en géogra -
prime du commerce équitable (comme
phie, pour «la route des épices et le com -
IMH: Je fais à peu près cinq animations creuser un puits ou acheter un moulin).
merce équitable», puis en cours de cuisine
de classe par an.
GC: Toutes les animations que je propose
avec une animation «cuisine aux épices».
MK: Une trentaine environ. L'an dernier dans le cadre du commerce équitable
En tout, ce sont vingt-quatre périodes de
ça a touché un peu plus de six cents invitent à faire des actes quotidiens en se
quarante-cinq minutes que je consacrerai
solidarisant avec les pays produc teurs.
à la Fête de la Solidarité.»
GC: Cela dépend des activités. En 2009 Par exemple, avec l'animation «Nous
par exemple, j'ai fait une quin zaine filons du bon coton» le but est de
Des résultats probants
d'animations lors de la semaine du sensibiliser les ados à ne pas acheter le
L'investissement considérable des anima -
commerce équitable, le festival du moins cher au détriment de l'exploitation
trices porte ses fruits. Les élèves, les
développement durable, les différents des femmes dans la production textile
enseignant-e-s, tous participent, décou -
salons et les visites aux écoles. En 2010 industriel e.
vrent, apprennent. Isabel e Boegli Milani,
je pense que la moyenne va être
coordinatrice FIDC: «Ce que je retiens,
largement dépassée car j'ai déjà fait cinq
c'est le formidable engouement des élè -
animations dans les écoles d'Onex et je
Pour en savoir plus
ves et des enseignants, leur enthousiasme
suis program mée dans des maisons de
et leur imagination (.). Je pense que les
quartier et dans le cadre de «Passeport
Fêtes de la Solidarité ont laissé des traces
Vacances», entre autres.
chez les élèves qui ont pu approcher
concrètement les réalités des populations
Un souvenir marquant d'animation
défavorisées de notre planète et explorer
IMH: La mine effarée d'un ado qui ne
des pistes d'action pour devenir des
savait pas que les vendeuses étaient
acteurs et actrices pour un monde plus
toutes des bénévoles.
MK: Les petites dégustations donnent lieu
à des émotions et des discussions très
Bien sûr, avec la Fête de la Solidarité,
l'animation dans les écoles touche un
GC: J'ai fait une après-midi un atelier
maximum de gens puisqu'el e implique de
chocolat dans une classe de 1ère enfan -
nombreux acteurs et qu'el e est chapeau -
tine, chaque enfant a mangé du chocolat
tée par un organisme faîtier, la FIDC.
à la cuil ère puis après j'ai donné à
Toutefois, même sans viser des objectifs
chaque élève une petite boule de
aussi complets que cette manifestation,
chocolat pour la maison. Le lendemain, je
l'aspect participatif de l'animation dans
suis retournée à l'école pour chercher
les écoles obtient des résultats signi fica -
mon matériel. À la sortie une dame m'a
tifs et encourageants pour ce qui est
dit: «Merci madame pour le cadeau, mon
d'amener des idées certes nouvel es, mais
petit s'est endormi en regardant sa boule
indispensables au bien-être des généra-
de chocolat qu'il avait posée sur la table
tions futures.
de nuit, il m'a dit que c'était magique !!!»
ex aequo n° 30 - mai 2010
La recette de mai
Par Thierry Schlat er
Chef de cuisine, Restaurant Vieux-Bois et Ecole hôtelière de Genève
Photo: Restaurant Vieux-Bois
Carré d'agneau à l'ail des ours, crème
de morilles à la Petite Arvine, asperges
vertes et Riz noir
Carré d'agneau à l'ail des ours
Crème de moril es
700 g carré d'agneau
100 g riz noir complet
à la Petite Arvine
asperges vertes suisses
20 g huile de tournesol
feuil es d'ail des ours
15 g huile d'olive
bouil on de volail e
100 g moril es fraîches
Eplucher les asperges vertes, si
nécessaire couper un bout du
Assaisonner les carrés d'agneau
tronc. Dans une grande casserole,
de sel et poivre. Faire chauf er
Dans une petite casserole, chauf er
porter à ébul ition de l'eau salée.
l'huile dans une poêle. Saisir
l'huile d'olive à feu doux. Faire
Cuire les asperges quelques
l'agneau et le colorer de tous les
suer le riz. Mouil er avec la moitié
Eplucher l'échalote et la hacher
minutes, jusqu'à ce qu'on puisse
côtés. Finir la cuisson de l'agneau
du bouil on de volail e. Porter à
finement. Laver soigneusement
facilement piquer les asperges
dans la poêle, au four à 180°C
ébul ition. Laisser mijoter 20 min.
les moril es en les laissant
avec un petit couteau. Refroidir
durant 7-8 min. Enlever l'agneau
en ajoutant de temps en temps un entières.
les asperges dans de l'eau très
de la poêle. Envelopper l'agneau
peu de bouil on de volail e. A la fin
Dans une petite casserole, faire
avec les feuil es d'ail des ours.
de la cuisson, le riz doit avoir la
fondre le beurre. Ajouter l'échalote Au moment de servir, chauf er les
Couvrir d'une feuil e d'alu et
consistance d'un risot o. Rectifier
hachée et suer à feu doux quel -
asperges dans le beurre.
laisser reposer 5 minutes.
l'assaisonnement de sel et poivre.
ques minutes. Ajouter les moril es,
Découper et servir.
faire suer encore un peu. Ajouter
le vin blanc, faire réduire de
Recet e pour 4 personnes
moitié. Ajouter la crème, porter à
ébul i tion. Réduire légèrement.
Les produits notés en gras sont
Assaisonner de sel et poivre.
disponibles dans les Magasins
Lier avec un peu de maïzena.
ex aequo n° 30 - mai 2010
Depuis la nuit des temps, des animaux,
des plantes et des microorganismes
constituent la base de nos médicaments,
de notre alimentation, de nos habits, des
cosmétiques et de beaucoup d'autres
pro duits. Patrimoine commun de l'huma -
nité, la biodiversité est pourtant mise en
péril par nos modes de production et de
Dans leur quête de profit, les pays du Nord
pil ent les ressources génétiques du Sud,
sans pour autant partager les bénéfices
qu'ils en retirent avec les populations
locales qui en ont assuré la sauvegarde.
Aujourd'hui, les cas de biopiraterie, c'est-
à-dire d'appropriation il égitime des
ressour ces génétiques ou des savoirs
traditionnels associés, sont toujours
Le pillage des
nombreux. En principe, la Convention sur
la diversité biologique (CBD) réglemente
toutes les transactions impliquant la
biodiversité. Pourtant, la mise en œuvre du
principe de partage équitable des
continue
avantages et des bénéfices retirés pose de
nombreux pro blèmes, au Sud comme au
Nord. Pour la Déclaration de Berne (DB), la
la BBC ont permis d'attirer l'attention sur la violation des droits des Sans. En 2001,
protection de la biodiversité ne sera pas
la DB invitait des représentants des Sans à Genève, afin d'exposer le cas à des
vraiment possi ble tant que les pays en
délégués de l'Organisation mondiale du commerce. La pression publique a con tri bué
développement ne bénéficieront pas des
à ce que le détenteur du brevet signe en 2003 un accord avec les Sans sur un
retombées finan cières liées à une
partage des avantages. Mais Pfizer a renoncé à exploiter cette licence et le droit de
utilisation durable de leur patrimoine
commercialisation a été transmis au géant agroalimentaire Unilever (qui y a finale ment
naturel. Il ustration avec le hoodia
renoncé en 2009).
d'Afrique du Sud.
De nombreuses compagnies plus modestes se sont toutefois mises sur les rangs,
contournant le brevet. Ainsi, en 2006, douze produits amaigrissants à base de
hoodia étaient disponibles sur le marché en Suisse et en Al emagne. Avec les Sans,
la plante miracle d'Afrique du Sud
la DB a interpel é le Gouvernement suisse par le biais d'une lettre ouverte lui
Depuis des temps immémoriaux, le peuple
demandant de respecter la mise en œuvre de la CBD et d'empêcher la vente de ces
San d'Afrique du Sud utilise le cactus
produits. Les autorités fédérales se sont contentées d'une réponse évasive.
hoodia pour calmer leur faim et leur soif
Toutefois, en 2008, un autre brevet a été octroyé à Unilever/Phytopharm pour
durant leurs longues expéditions de
l'utilisation du hoodia comme traitement contre le diabète. Là aussi, il s'agissait
chasse. Ce savoir traditionnel a été à la
d'une utilisation connue depuis longtemps par les indigènes sud-africain-e-s et,
base de brevets déposés en 1997 et 1998
pour ce cas-ci non plus,
dans le monde entier par l'Institut de
aucun contrat n'a été
Textes tirés et adaptés
recherche public sud-africain CSIR sur des
conclu. C'est la raison pour
du dossier «Biopiraterie.
extraits de hoodia utilisés comme produit
laquel e la DB a déposé, en
Le pil age des ressources
amaigrissant. Le CSIR a ensuite transmis
col aboration avec une orga -
naturel es: une menace
sa découverte à la compagnie britannique
nisation indigène sud-afri -
pour les pays du Sud et
Phytopharm par l'intermédiaire d'une
caine, un recours auprès de
la biodiversité», avril 2010
licence pour continuer à développer le
l'Office européen des bre -
par la Déclaration de
produit. Ensuite, l'entreprise a vendu sa
vets. Le détenteur du brevet
licence pour 21 mil ions de dol ars à la
s'est dit subitement prêt à
Disponible sur demande
multinationale pharmaceutique Pfizer. Le
(prix: 2 frs) à
[email protected]
journal anglais The Observer et par la suite
Affaire à suivre.
ex aequo n° 30 - mai 2010
Je me questionne:
D'où vient l'ail que je mets dans ma fondue?
Et les poireaux de mon papet vaudois ?
Quelle forêt abritait le bois de ma table ?
Photo: Atelier Diaphane
• Du 28 avril au 2 mai
Les Magasins du Monde sont au Salon du Livre et de la
Conférence "Le commerce équitable, ça marche?"
Presse à Genève
Au Club 44 de La Chaux-de-Fonds
Journée mondiale du commerce équitable
Petit déj' équitable à Ful y
Les Magasins se mobilisent et relaient l'action Fairtrade
Repas équitable et local à La Chaux-de-Fonds
Breakfast. Programme complet www.mdm.ch
Petit déj' équitable à Meyrin
Je m'abonne à ex æquo à titre de Bénévole
AMI des Magasins du Monde
Parrain / Marraine
Je règle la somme au moyen d'un bul etin de versement à l'adresse suivante:
En vous abonnant,
vous soutenez nos efforts
Association romande des Magasins du Monde
de sensibilisation
Rue de Genève 52, 1004 Lausanne, CCP 12-6709-5
au commerce équitable et
à l'économie solidaire.
Code postal - Localité
Bul etin à retourner à l'adresse ci-dessus avec votre règlement. 30
ex aequo n° 30 - mai 2010
Source: http://www.mdm.ch/sites/default/files/exaequo/ex_aequo_30.pdf
2010 Announcement Issue Volume 11, Issue 1, April 2010 Awards Gala Announcement! Hold The Date: September 17th, 2010, Ottawa The Ernest C. Manning Awards Foundation is excited to announce that the 2010 National Awards Gala will take place on Friday, September 17th at the Westin Ottawa, with Foundation Trustee Preston Manning and the Honourable Pamela Wallin as Honourary Co-Chairs. Please join us for an evening of celebration and recognition of our country's best innovators.
Servicio de atención personalizada (de lunes a viernes, de 8 a 20 h) SegurCaixa Negocio Condiciones Generales Mod. S.RE.442/01 (Ed. 11-2012) Port_Cond Negocio es.indd 1 Port_Cond Negocio es.indd 1 Cian de cuatricromía Cian de cuatricromíaMagenta de cuatricromía Magenta de cuatricromía Negro de cuatricromía Negro de cuatricromía Mod. S.RE. 442/01 Este contrato se rige por lo dispuesto en la Ley 50/1980, de 8 de octubre, de Contrato de Seguro, así como por el Real Decreto Legislativo 6/2004, de 29 de octubre, por el que se aprueba el Texto Refundido de la Ley de Ordenación y Supervisión de los Seguros Privados, y por las demás normas españolas reguladoras de los seguros privados. Asimismo, se rige por lo convenido en las Condiciones Generales y Particulares de este mismo contrato.