14a43_central632_dossier_complet_bat.pdf
l'affaire de tous
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
Le secteur de la santé, qui est la première source d'emploi en France, est en train de faire face à une mutation quantique que nous vivons en temps réel sans en sentir encore tous les effets.
Ce dossier a pour objectif de vous ac- d'invalidité dans le monde (OMS, 2 002).
compagner dans un voyage où vous L'industrie pharmaceutique a contribué découvrirez les éléments de cette signifi cativement à la lutte contre les mala-
mutation, et les solutions qui existent
dies. En s'accaparant la plus grande partie
de la part d'acteurs qui ont décidé de pen-
des ressources disponibles, avec ses solutions
ser autrement et d'agir autrement au sein de thérapeutiques, elle a laissé peu de place aux réseaux interprofessionnels de compétences autres possibilités d'actions.
Les maladies psychiatriques
et de formation pour soutenir des solutions
des maladies comme les autres
C'est la montée en puissance des payeurs qui
combinant innovations technologiques et in-
à la recherche d'innovations
jouent enfi n leur rôle de régulateurs, et un
et de changements de paradigmes
novations organisationnelles et d'usage.
modèle de recherche et de découverte en
La Silver Economie
Ce dossier monté en partenariat avec les panne d'innovations thérapeutiques majeures
un contexte propice à l'émergence
groupements professionnels d'Essec Santé, qui appellent à l'émergence de nouveau pa-
d'une nouvelle fi lière industrielle
Supelec Santé, ESS Centraliens et la Fédé-
radigmes de R&D soutenus par de nouveaux
L'explosion des maladies
ration des Spécialités Médicales se veut une « business models » durables et plus équitables.
liées à notre mode de vie
contribution active et tangible pour faire de Des exemples de nouveaux paradigmes de re-
L'innovation santé pour les patients
la santé l'aff aire de tous.
cherche émergent comme la biologie des sys-
Un changement de paradigme urgent
Dans ce dossier vous pourrez approfondir tèmes heuristique, qui combine l'intelligence
notre fi l rouge que nous résumons ci-dessous :
humaine créatrice et la puissance des techno-
Faire évoluer
Nous sommes loin de l'époque du chasseur logies de l'information pour comprendre les
le modèle d'innovation thérapeutique
cueilleur où les plus aptes survivaient dans mécanismes du vivant, qui délivre déjà des
Prix et remboursement
l'environnement de l'époque. En quelques résultats opérationnels. Des industriels inno-
Pourquoi et comment les « payeurs »
» de temps géologique, notre vants qui développent de nouveaux modèles
vont contribuer à changer
monde s'est transformé plus vite que notre de prises en charge des patients montrent eux
capacité à nous adapter.
aussi que la santé, qui est l'aff aire de tous, sera
Air Liquide Healthcare :
La « bonne santé » est devenue un capital que
une source de création de forte valeur et d'em-
une approche centrée sur le patient
nous voulons conserver le plus longtemps plois pour qui acceptera de travailler dans des
La modélisation heuristique
possible malgré une évolution de plus en équipes pluridisciplinaires formées de profes-
au service de la recherche biomédicale
plus rapide de nos modes de vie où environ-
sionnels de santé, d'ingénieurs, d'économistes
Créer une École interprofessionnelle
nement, alimentation, sédentarité, activités et de manageurs.
professionnelles, rapports sociaux, vieillis-
C'est dans cet esprit que l'on peut saluer et
Les Ateliers de l'Évolution en Santé
sement, internet poussent nos capacités de soutenir l'initiative entre 3 entités embléma-
l'homme de Cro-Magnon, que nous sommes
tiques de leur domaine : Centrale Santé, Essec
Les grands changements
toujours, à leur limites.
Santé, et la Fédération des Spécialités Médi-
dans l'univers des maladies rares
Pendant des décennies, nous avons consi-
cales pour porter ce projet interprofessionnel.
La Fédération des Spécialités
déré que notre santé était l'aff aire du monde
Quel que soit votre diplôme, formation,
médical et des industriels de la santé qui métier, si vous pensez comme nous que la
Machine Learning
parvenaient avec principalement des médi-
santé est l'aff aire de tous et qu'il est possible
for Neurological Disorders
caments à nous maintenir apparemment en de faire mieux autrement alors, n'hésitez bonne santé en agissant principalement sur pas à nous rejoindre car nous avons besoin les symptômes.
de toutes les compétences pour relever le
Même si notre santé n'a pas de prix, nous de-
défi majeur du XXIe siècle. Q
vons reconnaître aujourd'hui qu'elle a gé-
Manuel Gea et Michel Daigne
néré une hydre incontrôlable qui a un coût.
Co-Président de Centrale Santé
Nous ne pourrons plus payer sans remise
en cause profonde de nos habitudes compte
tenu du vieillissement de la population avec ses troubles associés et la montée en puis-
POUR EN SAVOIR PLUS
sance des maladies mentales qui devien-
dront à l'horizon 2020, la première cause
www.centraliens.net
Les maladies psychiatriques
des maladies comme les autres
à la recherche d'innovations
et de changements de paradigmes
maladies mentales en France n'est que de 2 % du budget de la recherche biomédicale.
Ces maladies chroniques, touchent de plein fouet les jeunes adultes, puisqu'elles débutent le plus souvent entre 15 et 25 ans. Elles sont aussi malheureusement respon-sables de 12 millions de morts par suicide, par an, et sont ainsi la première cause de décès chez les jeunes adultes. Elles sont res-ponsables de mortalité prématurée chez les patients due à la fréquence des pathologies somatiques non diagnostiquées et non trai-tées en grande partie par méconnaissance, mais aussi en raison de l'organisation des soins qui sépare encore aujourd'hui hôpi-taux psychiatriques et hôpitaux de méde-cine-chirurgie-obstétrique. Enfin, tabous, idées reçues et peurs prédominent, relé-guant ces pathologies et les personnes qui en sont atteintes à l'abandon et la stigmati-sation. Longtemps considérées comme des maladies à part, elles ont été écartées pen-dant de trop longues années du champ de la recherche scientifique et thérapeutique.
La psychiatrie est donc aujourd'hui une dis-cipline stigmatisée en panne de visibilité
Un constat accablant
(stigmatisation, méconnaissance, fausse re-
présentation…), en panne de développement
Les maladies mentales constituent un enjeu
industriel, d'innovation et de communication.
majeur de santé publique, peu connu, mal
compris, oublié de la recherche publique Et pourtant, les progrès
comme privée. Ces maladies (dépression, rapides de la recherche
anxiété, troubles bipolaires, schizophrénie,
Nous permettent de changer notre vision
autisme, suicides…) touchent en France pas
de ces maladies qui sont en fait des mala-
moins de 13 millions de personnes (1 sur 5),
dies complexes, impliquant plusieurs sys-
elles coutent 107 Md€ par an, soit 20 Md€
tèmes, et évoluant par stades, comme le
en dépenses directes (santé et médico-
font les maladies chroniques en l'absence
social) et 87 Md€ en dépenses indirectes de prévention et de traitements spécifiques (arrêts de travail et perte de qualité de vie).
et personnalisés.
Et pourtant alors que le retour sur investis-
La schizophrénie ou le trouble bipolaire
sement de la recherche en psychiatrie serait
doivent aujourd'hui être considérés comme
le plus important de toutes les disciplines des « maladies complexes », c'est-à-dire dé-médicales, le budget de la recherche sur les
finies par l'interaction entre un terrain gé-
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
- Anguera J. A. et al. Gazzaley Video game training enhances cognitive control in
older adults, Nature, 5 Sept 2013, 501:97.
nétique qui fragilise les personnes malades
- Burguiere E, Monteiro P, Feng G, Graybiel Am, Optogenetic stimulation of
face à des facteurs environnementaux mo-
lateral orbitofronto-striatal pathway suppresses compulsive behaviors. Science.
difiables : par exemple, on sait que les pa-
2013 Jun 7;340(6137):1243-6.
tients présentant des troubles de l'humeur
- Etain B, Dumaine A, Bellivier F, Pagan C, Francelle L, Goubran-Botros H,
savent mal s'adapter aux changements de
Moreno S, Deshommes J, Moustafa K, Le Dudal K, Mathieu F, Henry C,
rythme circadien car ils sont porteurs de
Kahn Jp, Launay Jm, Mühleisen Tw, Cichon S, Bourgeron T, Leboyer M, Jamain S.
variant génétique des gènes de l'horloge
Genetic and functional abnormalities of the melatonin biosynthesis pathway in
ou des gènes de synthèse de la mélatonine
patients with bipolar disorder.Hum Mol Genet. 2012 Sep 15;21(18):4030-7.
(Etain et al, 2 011) ; on sait aussi qu'ils sont
- Fond G, Hamdani N, Kapczinski F, Boukouaci W, Drancourt N, Dargel A,
porteurs de variant génétique des gènes de
Oliveira J, Le Guen E, Marlinge E, Tamouza R, Leboyer M. Effectiveness and
l'immunité innée qui les rendent moins ca-
tolerance of antiinflammatory drugs' add-on therapy in major mental disorders: a
pables de se défendre face à des infections
systematic qualitative review, Acta Psychiatrica Scandinavica, 2013, 1, 17.
virales, bactériennes ou parasitaires (De
- Lipsman N et al, Subcallosal cingulate deep brain stimulation for treatment-
Olivera et al, 2 013).
refractory anorexia nervosa: a phase 1 pilot trial, Lancet 2013; 381: 1361–70.
Les maladies mentales doivent aujourd'hui
- Leboyer M, Tamouza R, Charron D, Faucard R, Perron H, Human Endogenous
être conçues comme des « maladies de sys-
Retrovirus (HERVs) in Schizophrenia : a new avenue of research at the gene-envi-
tèmes » et pas seulement comme des mala-
ronment interface, World Journal of Biological Psychiatry, 2011, Sept 22.
dies du cerveau comme le montre l'impor-tance des comorbidités avec des maladies
- Leboyer M, Soreca I, Scott J, Frye M, Henry C, Tamouza R, Kupfer Dj. Can bipolar
auto-immunes, cardio vasculaires, diabète,
disorder be viewed as a multi-system inflammatory disease? J Affect Disord. 2012,
obésité etc. (Leboyer et al, 2 012). Autre
Dec 1; 141(1) : 1-10.
changement de paradigme, ce sont des
- Scott J, Leboyer M, Hickie I, Berk M, Kapczinski F, Frank E, Kupfer D, Mcgorry P.
« maladies chroniques » comme les autres,
Clinical staging in psychiatry: a cross-cutting model of diagnosis with heuristic and
qui évoluent par stade depuis les stades la-
practical value. Br J Psychiatry. 2013 Apr;202:243-5.
tents au cours desquels l'identification pré-coce de facteurs de risque environnemen-taux devrait permettre à l'avenir de prévenir l'évolution vers les stades ultérieurs de la réseau de soins construit autour du partage nouvelles thérapeutiques comme la thérapie maladie et vers l'installation d'un handicap
de dossiers informatisés, mais aussi autour génique (Burguière et al, Science, 2 013), la
(Scott et al, BJPsy 2 012).
du développement d'outils diagnostiques stimulation cérébrale profonde (Mallet et al,
Enfin, l'amélioration de la compréhension innovants comme les dispositifs médicaux 2 008), les traitements immuno-inflamma-des mécanismes qui sous tendent ces mala-
d'auto-évaluation des patients.
toires (Fond et al, 2 013) ou la remédiation
dies permet d'espérer identifier des biomar-
cognitive (Anguerra et al, Nature, 2 013)
queurs diagnostiques et pronostiques, grâce
Et si les maladies mentales
justifie le renforcement des liens entre par-
aux outils physiologiques, cognitifs, d'ima-
étaient des maladies comme
tenaires publiques et privés, liens possible
gerie cérébrale, d'immuno-inflammation les autres
et nécessaire pour développer des biomar-
ou génétique.
Si les malades et leurs familles avaient le queurs, des dispositifs médicaux, des inno-
vations thérapeutiques dans des pathologies
Ces changements de concepts doivent donc
doit à l'information sur les progrès pos-
en passe de devenir la première cause mon-
conduire à une réorganisation de l'organisa-
sibles grâce à des sites internet dédiés ; si diale de handicap à l'horizon 2 020. Q
tion de l'offre de soins résolument tournée
l'industrie s'intéressait à la psychiatrie en
vers la prévention du passage d'un stade à
interagissant mieux avec les cliniciens et
l'autre de la maladie (prévention primaire les chercheurs pour suivre les progrès de la
chez les sujets à risque, prévention secon-
recherche académique, si les économistes de
Professeur de Psychiatrie à l'Université
daire chez les patients au début de leur pa-
la santé mesuraient le poids de ces maladies,
thologie et prévention tertiaire), ouverte aidaient à l'évaluation des stratégies théra-
Responsable du pôle de psychiatrie et
vers une médecine personnalisée, pour ré-
peutiques, si les journaux communiquaient
d'addictologie des hôpitaux universitaires
duire le handicap. Ceci ne sera possible que
sur des faits et pas sur des idées reçues…
si le lien entre les différents acteurs du soins
La découverte de nouveaux mécanismes
Directrice du laboratoire Inserm
(généraliste, psychiatres, spécialistes, psy-
comme l'implication possible des retro-vi-
de Psychiatrie Génétique et Directrice
chologues…) est construit dans le cadre de
rus endogènes (Leboyer et al, 2 012) et de
de la Fondation FondaMental
www.centraliens.net
La Silver Economie
un contexte propice à l'émergence
d'une nouvelle fi lière industrielle
Lancée par Arnaud Montebourg,
dé (de production) nouveau ou sensiblement amélioré, d'une nouvelle méthode de com-
Ministre du redressement
En eff et, la réalité du vieillissement de
la population et de son impact sur notre modèle sociétal et l'ensemble mercialisation ou d'une nouvelle méthode
productif, et Michèle Delaunay,
des systèmes qui le caractérisent, organisationnelle dans les pratiques d'une
incluant celui de la santé, du médico-social et
entreprise, l'organisation du lieu de travail
Ministre déléguée aux personnes économique, est à notre porte, et ils ont bien ou les relations avec l'extérieur ».
âgées et à l'autonomie, la fi lière
compris avec d'autres que la France pouvait
Si on s'intéresse à la manière de s'occuper de
en tirer profi t dans tous les secteurs industriels
la santé des personnes âgées les innovations
industrielle Silver Economie
en particulier en santé mais également dans :
principales viendront des procédés et de
entend bien répondre au défi
énergie, habitat, communication, urbanisme,
l'organisation, en considérant ceux que l'on
transport, loisir, informatique, distribution.
considère comme des patients à traiter pour
imposé par notre vieillissement
Cette fi lière industrielle en émergence est chaque maladie souvent chronique dont ils
démographique par le dévelop-
dynamique, au cœur des politiques de l'in-
souff rent devraient plutôt être vus comme
novation en France comme en témoigne une population pour laquelle une préven-
pement d'activités économiques
le récent rapport d'Anne Lauvergeon sou-
tion accrue à partir du domicile devrait être déployée. Au UK, par exemple, on réfl échit à
nouvelles ! Des centraliens
lignant que le développement de la fi lière Silver Economie était un des 7 axes straté-
des budgets de sécurité sociale ou d'hôpitaux
n'ont pas attendus ces annonces
giques de l'innovation à horizon 2 030.
liés à la population qu'ils ont à gérer et non pas aux actes eff ectués, partant du principe
politiques pour développer
Une innovation davantage
qu'en s'alignant sur le meilleur benchmark,
tirée par les usages,
en amont des produits et
et en déployant une prévoyance optimisée,
les procédés ou l'organisation
on doit pouvoir gérer la santé d'une popu-
organisations innovantes
La Silver Economie, appelée également éco-
lation avec un budget directement propor-
qui connaissent aujourd'hui
nomie du vieillissement, est une fi lière indus-
tionné au nombre d'habitants.
trielle où l'innovation sera davantage tirée Avec ces visions inversées, et avec l'appui des
des réussites commerciales
par les usages, les procédés ou l'organisa-
technologies, on peut développer des cercles
et enviées par les étrangers !
tion que par la technologie. La défi nition de
vertueux et améliorer la qualité de vie et
l'innovation que propose le Manuel d'Oslo l'effi
cacité de la gestion de la population
est : « la mise en œuvre (the implementation)
— la commercialisation ou l'implantation —
Chez Doro par exemple, après avoir fait aug-
par une entreprise, et pour la première fois,
menter signifi cativement le taux de pénétra-
d'un produit (bien ou service) ou d'un procé-
tion des mobiles chez les personnes âgées, la
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
La Silver Valley à Ivry-sur-Seine.
société se lance sur les smartphones, PC et tablettes pour connecter 80 % d'une classe d'âge qui n'est connectée aujourd'hui qu'à 50 %. Des seniors connectés sont des se-niors qui consomment davantage selon le Crédoc, c'est-à-dire pour Doro qu'ils sont dans la vie et qui acceptent l'usage des ser-vices connectés.
Le cœur de cette vallée est localisé à Ivry-
Barreau de Paris, spécialiste en droit à
sur-Seine. Cette collectivité est proche
la propriété intellectuelle et mandataire
de Paris, avec du foncier attractif et dis-
européen en brevets.
ponible, et une plateforme immobilière, La méthode Radical Innovation
inaugurée fi n d'année 2014, qui accueillera
Design du laboratoire
dans 4 000 m2 une pépinière d'entreprises, de Génie Industriel
un hôtel d'entreprises, un showroom, un espace de formation et des laboratoires de
a été utilisée pour suggérer des innovations
recherche dédiés à la Silver Economie. Le à des entreprises de la Silver Economie.
cluster Silver Valley, association et marque
Ô Fondée par le Professeur Bernard
dotée d'une charte de valeurs, vise à accueil-
Yannou, directeur adjoint du laboratoire
Tout comme les secteurs d'internet et du lir à terme près de 300 entreprises qui pour-
génie industriel, administrateur du cluster
green business qui ont connu des tâtonne-
raient employer 5 000 emplois à forte valeur
Silver Valley, la méthodologie Radical Inno-
ments à leurs débuts, l'off re et les compor-
ajoutée pour un chiff re d'aff aires entre 1 et
vation Design a été appliquée depuis 2010 à
tements d'achat sont aujourd'hui en pleine 2 milliards d'euros.
plus de 50 groupes d'élèves ingénieurs (envi-
maturation et il est certain que la dynamique
Des Centraliens au cœur
ron 250 élèves) ayant choisi le cours électif :
impulsée par les pionniers tels que Silver Val-
du Cluster Silver Valley
CIPS (Conception et Innovation de Produits
ley par exemple ne s'interrompra pas.
et Services) en partenariat avec des entre-
Pour mettre en œuvre ce projet en Région
Un projet territorial pour
prises leaders de la fi lière : Legrand, Sanofi
Île de France, des centraliens se sont
booster la Silver Economie :
Aventis, Doro, Withings, Assystel et Vivago.
mobilisés.
le Cluster Silver Valley
• J. Arnaud (ECP 1 986) : PDG de Doro, lea- Les 2 grandes entreprises ont pu ainsi faire
Aussi, pour relever ce défi une innovation
der mondial de la télécommunication des
de la prospectives tandis que les 4 PME ont
d'organisation s'est montée pour créer et
seniors, Président du cluster Silver Valley.
pu valider des hypothèses de développement
inventer une économie créatrice de valeurs
• C. Hutchings (ECP 1 999) : PDG de de nouvelles solutions utiles, innovantes,
(sanitaire, économique, scientifi que et so-
Withings, qui voit dans cette fi lière des
faisables et profi tables. Q
ciale) : le cluster Silver Valley. Il a été inau-
applications de ces technologies connec-
guré par Jérôme Arnaud le 3 juillet 2013 en
tées au smartphone pour prévenir de cer-
Jérôme Arnaud
présence des ministres A. Montebourg et
tains risques en santé.
M. Delaunnay et du maire d'Ivry-sur-Seine
• B. Zimmer (Docteur ECP 2 012) : Direc-
teur du cluster Silver Valley, concepteur
du cluster Silver Valley
À l'instar de la Silicon Valley développée
de l'off re de services.
aux Etats Unis, le cluster Silver Valley sou-
• M. Carré (ECP 2 004) : DG de Médialis,
haite en remplaçant le Silicon par l'Argent
leader français de l'évaluation des produits
(« Silver »), mettre à disposition des acteurs
et services en Silver Economie, Secrétaire
de la fi lière Silver Economie en Ile-de-
de Silver Valley.
France, un territoire visible à l'international
Benjamin Zimmer
P. Chenêbaux (ECP 1 967) et M. Gien
propice à l'innovation grâce à son foncier
(ECP 1 971), fondateurs de deux startups,
attractif, des infrastructures de qualité, un
du cluster Silver Valley
Eneid pour le premier et Twinlife pour
accès simplifi é à la recherche et enfi n un éco-
système propice à l'innovation, l'échange et
• M. Abello (ECP 1992) : co-fondateur du
l'obtention de fi nancements.
Cabinet LOYER & ABELLO. Avocat au
www.centraliens.net
L'explosion des maladies
liées à notre mode de vie
Au cours des trente dernières années, nos modes de vie au travail ont évolué sous l'effet conjugué
des modifications en profondeur de la gouvernance des entreprises, de l'intensification
des exigences au travail et de l'injonction de mobilisation subjective adressée aux salariés
du privé et aux agents de la fonction publique.
S'agissant de la gouvernance, il est d'apprentissage et de transmission de règles
communément admis que l'équi-
de métier, fondements des identités profes-
libre construit après la Seconde sionnelles.
Guerre Mondiale entre détenteurs
Pourtant, la promesse d'émancipation et
de capital, producteurs de travail et déten-
d'épanouissement par le travail demeure
teurs du pouvoir d'organisation et de direc-
toujours aussi forte, voire s'est accrue dans
tion s'est rompu au profit des premiers.
des sociétés qui prônent des valeurs telles
La prédominance du capitalisme financier que l'autonomie, l'initiative, le dépasse-
a contribué à raccourcir les délais de retour
ment de soi, le culte de la performance et la
sur investissement et à évaluer ladite créa-
capacité à se rendre maître de ses compor-
tion de valeur à partir d'indicateurs finan-
tements et de ses émotions. Le terreau des
ciers partiellement déconnectés des finalités
gains de productivité dans le secteur privé et
du développement économique
: assurer la fonction publique gît dans l'engagement
des conditions de vie satisfaisantes au plus
des salariés et des agents à fournir des biens
grand nombre, formulation qui paraît assez
et services de qualité aux clients, usagers ou citoyens. La performance des organisations
modeste au regard des enjeux portés par le
est largement fonction de leur capacité à
discours sur la Responsabilité Sociale des accroître la mobilisation subjective de leurs
employés afin que la foi de ceux-ci en la
Sur le terrain, les salariés ne reconnaissent
promesse de réalisation de soi les amène à
pas dans la lecture des multiples indicateurs
faire appel à leurs ressources psychiques les
dont ils sont abreuvés la réalité de leur tra-
plus intimes pour répondre à la multiplicité
vail quotidien, leur contribution à la pro-
des demandes qui leur sont adressées, voire
duction collective de biens et de services et
même composer avec les plus paradoxales
les réalisations obtenues grâce à leur inves-
d'entre elles.
tissement physique et psychique.
Cette situation n'est pas sans conséquence
Cette évolution n'épargne pas la fonction sur la santé des salariés et des agents par-
publique où la vision gestionnaire des soins,
mi lesquels les pathologies de surcharge se
de l'éducation et plus largement des services
multiplient : stress, hyperactivité, troubles
publics garants de la cohésion sociale pré-
cardio-vasculaires, épuisement profession-
vaut sur une vision plus structurale et ins-
nel (burn-out), troubles musculo-squelet-
tiques, effondrement anxio-dépressif… Ac-
Il est tout aussi communément admis que
tuellement, aucun métier, secteur d'activité
les exigences au travail se sont accrues, avec
ou statut n'est épargné par cette explosion
des entreprises qui s'efforcent de concilier des troubles somatiques et/ou psychiques contraintes de type industriel, contraintes liés à ces nouveaux modes de vie au travail.
de type commercial et révolutions techno-
C'est ici un technicien de l'aéronautique
logiques, et soumettent leurs salariés à des
qui enchaîne les interventions à l'étranger
changements permanents pour s'adapter à
avec un temps de préparation toujours plus
la demande du marché et rester compéti-
réduit car « on ne peut pas demander d'at-
tives. L'instabilité organisationnelle devient
tendre à un client dont la machine immo-
une norme et déstabilise les longs processus
bilisée à terre lui coûte des milliers d'euros
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
par jour » et qui se retrouve plongé dans une
par une meilleure coordination entre mé-
forme de confusion mentale proche du dé-
decins du travail, médecins généralistes,
lire paranoïaque ; c'est là un consultant dont
psychiatres et psychologues, mais aussi
les 80 heures de travail par semaine ne l'em-
infi rmiers et assistants sociaux du travail. Il
pêchent pas de s'interroger sur les consé-
s'agirait de rendre plus visibles localement,
quences des stratégies de réduction de coût
dans les territoires d'emploi, les actions de
qu'il préconise, fait une syncope chez un ces diff érents professionnels, afi n de consti-client dont les employés ne l'ont pas accueil-
tuer des réseaux de soin plus pragmatiques
li avec les meilleures dispositions, ne reçoit
que mépris et indiff érence de ses managers
Cependant ce sont les entreprises elles-
dont il a sollicité le soutien et s'eff ondre au
mêmes qui disposent des ressources les
moment où il est aff ecté à une mission « en-
plus pertinentes pour réduire les troubles
core pire que les autres » ; c'est enfi n là une
psychosociaux au travail. À elles de prendre
chargée de communication d'un offi
le risque de sortir de la spirale de l'immé-
tourisme qui ne sait plus comment mener
diateté et la réactivité, à elles de prendre le
et présenter ses projets pour satisfaire une
risque d'interroger leurs modalités de fonc-
directrice incapable de prendre une déci-
tionnement collectif au regard des fi nalités
sion et qui, à force « d'avoir systématique-
de leur activité, à elles de prendre le risque
ment des bâtons dans les roues », redoute d'écouter la parole de leurs cadres, agents de
avec angoisse les confrontations avec sa maîtrise, ouvriers et employés et de prendre
directrice, ne parvient plus à échapper à des
en compte leurs suggestions.
ruminations anxieuses quant à la valeur de son travail, voire la justesse de ses raisonne-
Ici encore les actions effi
caces sont celles
ments, et perd progressivement tout intérêt
menées au plus près du terrain en redon-
dans sa vie personnelle.
nant aux salariés et aux agents du pouvoir d'agir : par souci de concision, je n'évoque-
Les personnes les plus vulnérables au re-
rai pas ici d'exemples d'interventions en
gard de cette évolution de nos modes de vie
prévention des risques psychosociaux et
au travail sont les salariés et les agents les
préfère vous renvoyer au réjouissant livre
plus impliqués dans l'exercice de leur mé-
de d'Isaac Getz et de Brian Carney « Liberté
tier, ceux qui après avoir tenté de conjuguer
& Cie – Quand la liberté des salariés fait
toutes les contradictions organisationnelles
le succès des entreprises »1 qui regorge
se rendent malades par impossibilité de se
d'exemples d'entreprises qui réussissent à
reconnaître dans ce qu'ils font. Ces per-
concilier qualité de vie au travail et perfor-
sonnes ne sont pas pour autant défi nitive-ment hors circuit pour le monde du travail :
mance économique. Q
les prises en charge bifocales, médicale et Armelle
psychologique, leur permettent de s'apaiser,
(ESSEC 89)
de (re) construire une représentation plus distanciée de la situation, de clarifi er leur position subjective et de retrouver un rôle professionnel satisfaisant.
1. Getz I. et Carney B., Liberté & Cie – Quand la
L'organisation du secteur de la santé pour-
liberté des salariés fait le succès des entreprises, Paris, Flammarion Champs essais, 2013 (pour la
rait améliorer l'accès à ces prises en charge
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L'innovation santé
pour les patients
Un changement de paradigme
urgent et vital
Des attentes patients insatisfaites, un modèle R&D qui s'essouffl e, des coûts qui explosent,
des payeurs plus exigeants, des freins structurels à l'émergence de nouveaux concepts.
Mais des solutions existent.
Un secteur en mutation
D'un côté le processus de recherche/décou-
verte, qui est sensé découvrir ce que l'on ne
le marché est en pleine mutation (mon-
tée en puissance de la demande de soins
connait pas, doit faire face à l'enjeu majeur
des pays émergents, besoins toujours de découvertes de nouvelles cibles quali-aussi importants des pays économique-
fi ées. Face à ce challenge, une vision « car-
ment développés) et certains aspects tésienne » et ultra spécialisée du vivant a été rendent le secteur plus vulnérable (i.e. les
politiques volontaristes de régulation des
La conséquence structurante de ce modèle
dépenses pharmaceutiques pour ralentir
de recherche est la surspécialisation des
les dépenses, les rendements décroissants
chercheurs. Ces derniers sont devenus des
spécialistes d'une brique du puzzle ou d'une
➜ les autorités sanitaires ont de nouvelles technologie et « passent » leur vie à analyser
exigences. Du côté des industriels, de le vivant au travers de fi ltres technologiques. nouvelles « approches de la science » se
Dans cette grande compétition du savoir et
complexifi ent et s'accélèrent.
du pouvoir, les biologistes/physiologistes
L'ensemble conduit les acteurs pharmaceu-
généralistes ont été marginalisés.
tiques à repositionner leurs stratégies.
D'un autre côté, nous avons un processus
Après avoir connu la première récession de développement clinique qui, resté proche
de son histoire en 2012, avec une chute de
du patient, semble bien jouer son rôle de
plus de 2 % en valeur, le marché des médi-
cacité/risque, mais peine à apporter
caments en ville devrait s'eff ondre en 2013
toutes les explications nécessaires au pilo-
tage du développement en cas de problème
La France, 5e marché pharmaceutique au faute de concepts intégrés robustes et diff é-
monde derrière les Etats-Unis, le Japon, la
rentiant, entre autre, les causes des consé-
Chine et l'Allemagne, pourrait perdre une à
quences des pathologies étudiées.
deux places à court terme…
Les causes du déclin de la
Un modèle de R&D très
R&D pharmaceutique connues
hétérogène qui s'essouffl e
dangereusement
Un article « Diagnosing the decline in
pharmaceutical R&D effi
ciency1 » publié
La R&D biomédicale, malgré les promesses
dans Nature Drug Discovery en mars 2012
et les investissements patine, les experts/lea-
fournit des explications pertinentes et docu-
ders d'opinions, ont convaincu et ont réussi
mentées sur les causes.
à maintenir auprès des décideurs le dogme selon lequel le secteur n'est pas comme les
Au-delà des causes avancées dans l'article,
autres et que la performance de la R&D est
il nous semble important de rechercher une
certes faible mais que les concepts sous-ja-
alternative à cette approche « cartésienne »,
cents sont les bons et fi niront par délivrer…
Le paradigme technologique a globale-
Les performances des deux principaux ment échoué en recherche/découverte,
processus de R&D : « recherche/décou-
même s'il a enregistré des succès.
1. Vous pouvez demander l'article complet auprès
verte » et « développement clinique » sont
Nous sommes à la fi n d'un grand cycle
de Manuel Gea en envoyant votre demande à son
adresse mail : [email protected]
d'innovations qui avait commencé avec
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
l'avènement de la biologie moléculaire et « consensus d'experts » ; mettant un coup la découverte de l'ADN. Ces fins de cycles
d'arrêt aux innovations de rupture. Car
sont redoutées et combattues par tous les une des conditions nécessaires, mais pas
52 ans, est co-fonda-
acteurs établis. L'histoire est parsemée de suffisante, pour détecter une innovation
teur et PDG de Bio-
changements de paradigmes technologiques
de rupture est le désaccord partiel ou total
Modeling Systems. Il
(le transistor vs. la lampe électronique, le entre experts représentatifs du domaine.
est le fondateur et co-
moteur électrique vs. le moteur à vapeur)
président de Centrale-
qui ont vu la disparition difficile au départ
Est-il encore temps de mettre
Santé; co-fondateur et
puis soudaine des acteurs installés qui ne un terme au déclin programmé
vice-président du Comité Biotech du
pouvaient/voulaient pas changer/évoluer.
de notre R&D ?
Leem, co-fondateur & membre bureau exécutif de Medicen Paris-Région; V.P.
Malgré une volonté des acteurs
Nous avons donc deux choix :
Adebiotech, co-leader groupe Prospec-
du secteur pour l'innovation
1. Le plus facile : Ne rien changer et croi-
tive du Comité sciences de la vie et la
pourquoi sommes-nous
ser les doigts ! Face à un mur de défis,
santé du MEDEF .
dans cette situation ?
Il est toujours tentant de retarder les
Manuel Gea a été PDG de Hemispherx
L'innovation n'est pas un phénomène sin-
décisions très difficiles en faisant des
Biopharma Europe, créateur de la pra-
gulier mais un ensemble de processus qui
ajustements d'effectifs ou en continuant
tique Pharma de McKinsey en France,
n'obéissent pas aux mêmes règles :
les investissements de recherche et en
directeur de division chez Boehringer-
espérant, des résultats. Des accords de
Ingelheim France, responsable busi-
L'innovation incrémentale, la plus
recherches externes avec des biotech n'y
ness development chez Colgate-Palmo-
répandue car la plus facile à mettre en
changeront rien.
live Company USA.
œuvre, et pour laquelle le système d'éva-
Manuel Gea est diplômé forme Ecole
luation par « consensus d'experts » du 2. Le plus courageux : Forcer, organiser et
Centrale Paris (83) et l'Université Paris IX
secteur est parfaitement adapté.
accompagner le changement de para-
Dauphine en sociologie.
2. L'innovation de rupture, plus rare,
digme et redéfinir les étapes et les com-
beaucoup plus prestigieuse, est aussi la
pétences clés nécessaires pour démulti-
notion la plus galvaudée par les acteurs.
plier la recherche biomédicale supportée
Une particularité du secteur de la santé :
par une réalité biologique.
généralement, la dernière idée ou nou-
Faire collaborer l'intelligence
veau dogme à la mode d'un expert/
humaine créatrice et la
leader d'opinion est qualifiée systéma-
puissance des technologies
tiquement d'innovation de rupture qui
va « soigner le cancer ou la maladie de l'information au service
d'Alzheimer ! » pour tenter d'obtenir des
de la santé
moyens nécessaires à son étude.
Ce changement passe par une modification
3. Et enfin, le changement de paradigme, de leadership de la recherche biomédicale et
véritable tsunami culturel et concep-
suppose un retour de la biologie/physiolo-
tuel qui change en profondeur les bases
gie pour la compréhension holistique et in-
scientifiques, économiques ou intellec-
tégrée du vivant. Ce retour au pragmatisme
tuelles d'un domaine avec des consé-
et à l'intelligence humaine des débuts doit
quences à hauts risques pour les acteurs
être soutenu par des outils technologiques
et des méthodes maitrisées et comprises par des utilisateurs biologistes/physiologistes
Le "serial killer" d'innovations intégrateurs généralistes en interaction avec
de rupture identifié
des experts spécialisés. Il est utile de décli-
Dans un système ouvert, où les financeurs
ner ce changement de paradigme au niveau
de l'innovation veulent le meilleur rende-
des profils des chercheurs, médecins et in-
ment de leur investissement, on pourrait génieurs, ainsi que pour les formations et les s'attendre à ce qu'ils mettent en place les évolutions de carrières qui doivent donner processus d'évaluation les mieux adaptés un leadership scientifique à ces futurs biolo-
à la nature de l'innovation afin de ne pas gistes/physiologistes intégrateurs.
passer à côté d'une innovation majeure. Les financeurs (France, Europe, Commission
Manuel Gea (ECP 83)
Européenne) ont choisi, pour tous les types
Co-Président de Centrale Santé
d'innovations, le processus d'évaluation par
www.centraliens.net
Faire évoluer le modèle
d'innovation thérapeutique
La diminution du taux de
succès des molécules et
l'augmentation du coût des
essais cliniques rendent le
développement d'un médica-
Auparavant un essai clinique d'équi- plus tôt les plans de développement futurs.
valence permettait d'obtenir une Une troisième approche s'appuie sur une
autorisation de mise sur le marché.
réduction des coûts en conduisant les essais
Ces essais dits de non-infériorité cliniques dans les pays à bas coûts et en ten-
favorisaient le développement d'imitation tant de faire financer la recherche amont par
ment de plus en plus onéreux :
de médicaments connus en leur apportant la puissance publique. Enfin, la quatrième
des modifications chimiques subtiles. Ceci approche, promeut l'utilisation de bio-mar-
de 1,7 milliard $ en 2000 à
permettait de sécuriser en outre des parts queurs pour augmenter le taux de succès
3,9 milliards $ en 2008
de marché pour des pathologies à forte des produits quitte à ne prescrire ces traite-prévalence. Ce phénomène a été un effet ments qu'à une population restreinte.
(Munos 2009), jusqu'à
d'aubaine important, privilégiant une stra-
Ces initiatives permettent des améliora-
5 milliards $ en 2013 (Forbes
tégie de second entrant non innovante et tions substantielles de la productivité de la
permettant un retour sur investissement R&D. Cependant, depuis la crise financière
août 2013).
accommodant. Toutefois cette dynamique a
de 2008, c'est moins un problème amont de
Sachant que 63% du coût
plus favorisé la nouveauté que des produits
productivité qu'un problème d'acceptabilité
apportant un réel progrès médical.
du prix de l'innovation qui se pose. À cause
global de développement
Pour répondre à ce problème, les acteurs de la crise de la dette, les gouvernements
d'un médicament correspond
publics ont privilégié les traitements inno-
sont en train de rationaliser les investisse-
vants apportant un bénéfice substantiel par
ments dans la santé en suivant l'approche de
au développement clinique
rapport aux traitements de références et ont
la value based medicine (Porter 2 009).
(Paul 2010), il est intéressant
mis en place le concept d'évidence based me-
Ainsi, l'état procède à des arbitrages dans le
dicine (médicine basée sur la preuve) (Ro-
cadre de sa politique d'accès aux soins afin
d'analyser les changements
senberg 1 995). Ce concept a rendu néces-
de maximiser la production de santé. Ce
survenus dans ce domaine.
saire la conduite d'essais comparatifs avec phénomène pose la question de l'acceptabi-un objectif de supériorité du traitement in-
lité de produits innovants coûteux présen-
novant par rapport au traitement standard.
tant une amélioration faible par rapport aux
Ainsi, le taux de succès des essais cliniques traitements standards.
de phase-3 a été impacté par ce phénomène
Ainsi, dans les années 2000 les acteurs phar-
et ce taux est passé de 80 % en 1990 à 45 %
maceutiques ont dû anticiper une perte
en 2004 (Fabiano Pamolli 2 011).
massive de brevets puis ils ont dû s'adapter
Cette diminution du taux de succès a remis aux nouvelles contraintes du développe-en cause le modèle d'innovation des sociétés
ment comparatif. Ils doivent maintenant
pharmaceutiques. Alors que le chiffre d'af-
faire face à l'érosion de l'acceptabilité de
faires du secteur progresse de 200 milliards $
prix élevés pour des innovations à faible
en 1995 à 800 milliards $ en 2009 (Jim Mel-
progrès ce qui constitue un 3e choc pour le
lon 2 012), la R&D, elle, semble perdre sa secteur.
capacité d'inventer de nouvelles thérapies. Une recherche onéreuse, peu productive et Afin d'endiguer cette chute de productivité,
une contrainte accrue sur les prix des traite-
plusieurs approches se sont dessinées. Dans
ments remettent en cause le modèle écono-
la mesure où les acteurs de petites tailles mique de l'innovation pharmaceutique.
ont une utilisation plus performante des Actuellement, seuls les modèles d'innova-
capitaux, une première approche formu-
tion concernant les dispositifs médicaux et
lée par Bernard Munos propose un modèle
les médicaments orphelins semblent sou-
multi-small où des acteurs agiles gèrent tenables. La création de nouveaux modèles
en réseau le processus d'innovation. Une de production de santé est aujourd'hui une
seconde approche propose des phases I vraie frontière pour l'innovation thérapeu-
multi-indications de manière à sélectionner
tique. Ces modèles devront fuir les trappes
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
réglementaires et s'émanciper d'une culture
cartésienne qui ratiocine. Ils seront certai-
par ordre de citation
nement mieux distribués sur la chaîne de
- Lessons from 60 years of pharmaceutical
production de santé et plus portés sur les
innovation. B. Munos. 2009, Nature Drug
risques et le comportement des usagers.
Il est à noter que ces chocs successifs
- Forbes, Innothink Center for Research In
montrent surtout l'impact des politiques
Biomedical Innovation :
publiques sur le continuum d'innovation en santé. Chaque nouvelle exigence vis-à-vis
du progrès se traduit par des taux de succès
de plus en plus réduits. Cela pose la ques-
tion d'avoir le bon mix d'incitations et le
- How to improve R&D productivity : the
bon couplage pour continuer à encourager
parmaceutical industry's grand challenge.
l'invention et permettre aux entreprises de
Steven M. Paul, Daniel S. Mytelka. 2010,
s'adapter aux changements.
Nature Drug Discovery
À ce titre, le Crédit Impôt Recherche (CIR)
et les Autorisations Temporaires d'Utili-
- Evidence based medicine : what it is and
sation (ATU) sont des outils d'incitation
what it isn't. W. Rosenberg, A. Donald.
efficaces. Il est aussi intéressant de voir
310, 1995, BMJ, pp. 1122-1126
comment outre atlantique les agences dif-
- The productivity crisis in pharmaceutical
fusent les nouvelles manières d'innover
R&D. F. Pammolli, L. Magazzini. June
grâce à des guides pour les industriels (guide
2011, Nature Drug Discovery, pp. 428-438
de la FDA pour l'utilisation des statistiques bayésiennes, guide pour la qualification de
- Cracking the code. Jim Mellon & Al Chalabi.
biomarqueurs). Ces guides permettent de
définir les attentes, lever les incertitudes et
Diagnosing the decline in pharmaceu-
d'adapter les démarches des entreprises.
tical R&D efficiency. Jack W. Scannell,
Ce mix et ce couplage semblent donc stra-
Alex Blanckley, Helen Boldon and Brian
tégiques pour stimuler l'innovation. De la
Warrington. 2012, Nature Drug Discovery
même manière ce mix et ce couplage seront
A Strategy for Health Care Reform -
à ajuster pour la mise sur le marché et le
Toward a Value-Based. Porter, Michael E.
remboursement, ceci en fonction des pro-
361, July 2009, The NEW ENGLAND
messes souhaitées parmi celles portées par
JOURNAL of MEDICINE, pp. 109-112.
cet écosystème économique.
Goulven Theze
Responsable Évaluation
Médico-Économique
& business development
www.centraliens.net
Prix et remboursement
Pourquoi et comment les « payeurs*»
vont contribuer à changer les paradigmes
de recherche et de développement
Le revenu de l'industrie pharmaceutique est schématiquement fonction de trois paramètres principaux : l'accès, le volume et le prix.
est devenue « Comment vendre ce produit au maximum de patients au sein d'une indi-
Jusqu'au début du XXe siècle, le princi-pal moteur de croissance pour l'industrie cation ? » L'ultime Graal de l'industrie phar-pharmaceutique a été l'accès. L'industrie maceutique est devenu une marque comme pharmaceutique cherchait à commercia-
Lipitor®/Tahor® ou Plavix®/Iscover®.
liser ces produits via un maximum de ca-
naux différents pour les rendre disponible
Depuis une vingtaine d'années, les systèmes
au public le plus large possible. À cette de santé sont pointés du doigt comme par-
époque, le principal obstacle à surmonter ticipant largement à l'endettement des États
était d'atteindre les populations rurales qui
(particulièrement européens). Le prix des
ne pouvaient pas toujours se rendre réguliè-
produits de santé est ainsi devenu la nou-
rement dans des zones urbaines pour ache-
velle principale variable d'ajustement des
ter leurs traitements. Le succès commercial
payeurs (i.e. des gouvernements). Dans les
était impulsé par les délégués médicaux. conditions actuelles, l'industrie pharmaceu-
La question de l'industrie était « Comment
tique n'est pas incitée à rendre ses produits
faire pour vendre mon produit à n'importe
accessibles à l'éventail le plus large possible
qui, n'importe où, et pour toutes sortes de maladies ? » ; l'industrie était dans la quête
de patients : plus l'indication d'un produit
du Graal ultime, de la « panacée ».
est étroite, plus il est facile de négocier avec les payeurs publics et privés. Le succès com-
Le volume
mercial est désormais entraîné par la « stra-
Avec l'industrialisation de masse et l'urbani-
tégie d'accès au marché » et la question
sation, les systèmes de santé et la société en
de l'industrie est maintenant « Comment
général se sont structurés et seuls quelques
optimiser les indications potentielles de ce
produits sélectionnés ont obtenu le statut produit pour obtenir le prix le plus élevé de « médicament » et l'accès à ces derniers
possible au lancement
? » L'ultime Graal
s'est vu progressivement réservé à quelques
est un produit tel que Soliris®, dont le coût
canaux, en France, les pharmacies. Le défi
annuel de traitement par patient est évalué
* Un payeur dans le contexte de ce papier est défini
majeur pour l'industrie pharmaceutique à 440.000 US$3.
comme étant un décideur et/ou un responsable
était alors devenu d'obtenir l'indication la
budgétaire à l'échelle national (e.g. un membre du
Pourquoi la crise européenne
plus large, afin d'assurer le plus gros volume
Comité Economique des Produits de Santé) ou in-
impacte-elle autant l'industrie
franational (e.g. un pharmacien hospitalier).
et donc le meilleur revenu. Les « blockbus-
1. Le terme blockbuster désigne communément un
ters1 » de cette époque, comme les statines
produit de santé dont le chiffre d'affaire au niveau
par exemple, pouvaient offrir de diminuer
Les Européens ont presque inventé le
mondial a atteint ou excédé 1 milliard de dollars américains sur une année.
les concentrations d'un simple biomarqueur
concept de système de santé universel re-
2. Lors de l'évaluation de Victrelis (boceprovir) dans
(dans ce cas le LDL-cholestérol) sans direc-
posant sur la solidarité nationale. Les Bri-
le traitement de l'hépatite C en 2011, l'agence alle-
tement lier cette diminution à un allon-
tanniques ont développé la « science » du
mande a déclaré que le critère d'efficacité choisi par le fabricant, la disparition du virus, n'était pas
gement de la durée de vie au moment du
rapport coût efficacité, tandis que l'efficacité
suffisante pour préjuger de l'impact réel du traite-
lancement, ce qui aujourd'hui serait problé-
clinique comparative a été promue par les
ment sur la morbi-mortalité de cette population de patients, illustrant une tendance globale des
matique2. Le succès commercial a été alors
Français et les Allemands. Les évaluations
agences évaluant les technologies de santé à refu-
principalement animé par les profession-
des produits de santé sont devenues acces-
ser de prendre en compte des critères d'évaluation substitutif.
nels du marketing. La question de l'industrie
sibles au grand public, et aux payeurs du
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
monde entier, grâce à internet. Les Taïwa-
La dynamique des scores d'SMR tend à sug-
le prix fût cout-effectif pour le système de
nais, mais aussi les Sud-Coréens, les Cana-
gérer qu'il est de plus en plus difficile d'obte-
santé. Le système se transforme progressive-
diens ou encore les Australiens référencent
nir le remboursement pour un médicament
ment en « value-based assessment » comme
les décisions de l'agence d'évaluation de en France (figure ci-dessus).
le système français et le nouveau système
l'Écosse (SMC - Scottish Medicines Consor-
La dynamique semble s'être accélérée ces allemand. Bien que le système de santé soit
tium) dans leurs propres évaluations natio-
derniers mois, probablement à cause de la en pleine transformation, certaines données
nales. Une évaluation négative du SMC a loi du 29 décembre 2011 relative au renfor-
d'accès au marché alarment la communauté
ainsi un impact direct sur la probabilité cement de la sécurité sanitaire du médica-
sans qu'il y ait besoin d'attendre l'aboutis-
d'être remboursé et sur le prix du médica-
ment et des produits de santé exigeant des sement de la réforme. Ainsi le « Cancer
ment en Corée du Sud.
laboratoires qu'ils fournissent des données Drug Fund », le fond chargé de fournir aux
patients cancéreux des médicaments non
Le succès d'un lancement en Europe im-
comparatives aux autorités de santé pour
remboursés par le système général de santé
pacte ainsi directement le succès potentiel qu'un produit soit éligible au rembourse-
n'est pas à même d'exécuter sa mission, par
dans d'autres marchés majeurs partout dans
ment ; cette condition ne garantissant pas
manque de trésorerie11.
le monde. Avec le ralentissement de l'éco-
le remboursement. Difficile pour l'industrie
nomie des principaux pays européens et de fournir des données comparatives, né-
Essec Santé Consultant sénior
la crise de la dette, ces évaluations se sont
cessitant un investissement beaucoup plus
GFK « Market Access »
montrées de plus en plus strictes et il n'est
important dans le développement clinique,
plus exceptionnel qu'un nouveau médica-
si 11 % des dossiers sont rejetés.
ment ne soit pas lancé, à cause de son prix,
L'Allemagne a connu en 2011 une réforme
au Royaume Uni (e.g. Tyverb®4), en Alle-
radicale de son système de santé avec
magne (e.g. Trajenta®5), ou même parfois en
l'« AMNOG ». En substance, l'Allemagne
France (e.g. Votrient®6).
est passée d'un marché où l'industrie phar-maceutique pouvait librement fixer le prix
Les pays européens peuvent-
de ces nouveaux médicaments, à un marché
ils toujours acheter de la
où les négociations avec les payeurs après 3. http://www.forbes.com/sites/matthewherper/2012/09/05/
1 an de commercialisation sont, pour le
Les Français ont historiquement payé des moins, difficiles. Le principe d'évaluation 4. http://www.nice.org.uk/newsroom/pressreleases/
prix plus bas pour leurs médicaments que la
est similaire au principe français, l'agence
LapatinibAppealDecision.jsp, accédé en octobre 2013.
moyenne des autres pays européens écono-
d'évaluation attribue un score d'innovation
t-be-launched-in-germany-bi, accédé en octobre 2013.
thérapeutique au produit qui va déterminer
Le processus d'évaluation français repose
son prix. Depuis l'implémentation du nou-
votrient, accédé en octobre 2013.
sur deux dimensions principales :
veau système jusqu'en avril 2013, une ana-
7. Le terme est choisi. Nouveauté par opposition à
innovation. Seule une innovation change le paradigme
La maladie est suffisamment grave pour
lyse a montré que seuls 21 % des produits
de traitement d'une pathologie. La plupart des nouveaux
justifier le remboursement par le système
avaient été éligibles à un prix plus élevé que
traitements s'apparentent donc à des nouveautés
national de santé ?
le prix du standard de soin9. Le changement
améliorant, à la marge, le traitement d'une pathologie.
Ceci est mesuré avec le Service Médical
de paradigme a été si soudain, violent, que
accédé en septembre 2013
des produits ont été retirés du marché alle-
✔ Est-ce que le produit est assez bon par mand après des négociations plus difficiles
pdf?goback=.gde_4158822_member_251613378, accessed September 2013.
rapport à la norme des soins pour accor-
que prévues par les laboratoires10.
der un prix supérieur aux prix pratiqué
Les Britanniques avaient une approche légè-
au standard de soin ?
rement différente de celle des Allemands :
Linagliptin_BAnz.pdf, accessed September 2013.
✔ Ceci est mesuré avec l'Amélioration du les laboratoires pouvaient fixer librement 11. http://www.standard.co.uk/panewsfeeds/bowel-
sort du Service Médical Rendu (ASMR)
le prix de leurs médicaments… Pourvu que
accessed September 2013.
www.centraliens.net
DossierCombattre la pauvreté,
c'est d'abord combattre
Un couple avec 2 enfants
gagne, par mois :
rance, sources : INSEE, CAF, service-public.fr.
€ entre un ménage au R
SA et au SMIC. Par comparaison, le revenu
allocations familiales). Retrouvez ces différents cas de figure sur notre site.
Pour combattre la pauvreté, apprenons à la connaître vraiment.
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Pour mieux vous connaître, année de naissance
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
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santé : l'affaire de tous
Air Liquide Healthcare
une approche centrée
sur le patient
L'activité Santé représente un des principaux leviers de croissance
du Groupe Air Liquide et atteint près de 19 % du chiffre d'affaires Gaz
et Services, soit 2,689 milliards d'euros en 2013 avec 12 000 employés
dans le monde. A la croisée de la pharmacie, de la médecine et
des services, son modèle original propose des prestations globalisées
autour de plusieurs pathologies.
Un tiers de l'activité Santé est axes suivants : l'innovation, l'expansion
consacré à la fourniture de gaz géographique et les acquisitions. Les futures
médicaux (oxygène, gaz anesthé-
innovations portent sur la technologie (par
siants et antidouleur) et de ser-
exemple, la nouvelle off re concernant une
vices associés, dans plus de 7 500 hôpitaux
bouteille d'oxygène médical précisant la
et cliniques dans le monde.
durée d'utilisation restante pour les soins
Dans les économies émergentes, où les sys-
du patient) et la déclinaison de nouveaux
tèmes de santé se mettent en place, l'expan-
services à l'hôpital, pour le médecin ou le
sion d'Air Liquide Healthcare est particu-
patient. Simultanément, l'expansion géo-
lièrement importante dans ce domaine. graphique se poursuit. Tous les ans, Air Chaque année, Air Liquide Healthcare dé-
Liquide Healthcare démarre l'activité santé
marre des activités dans de nouveaux pays
dans de nouveaux pays. Enfi n, les acquisi-
tels que le Chili, la Russie, Taïwan…
tions permettent de développer l'activité Un patient en traitement nocturne.
La seconde activité importante, la santé soit dans de nouvelles zones géographiques,
soit dans de nouvelles pathologies en com-
à domicile représente 48 % du chiff re
Le traitement de référence est un traite-
plément du respiratoire, ou encore d'élar-
d'aff aires de la Santé. Elle est en forte
ment nocturne, à domicile, par ventilation
gir la gamme de produits. L'acquisition de
progression du fait du vieillissement de la
en Pression Positive Continue. Ce traite-
BiotechMarine est un bon exemple de
population, du développement de certaines
ment quotidien est effi
cace mais contrai-
diversifi cation de l'off re de SEPPIC, notre
pathologies chroniques comme l'apnée du
gnant. L'observance est, donc, une des clés
fi liale spécialisée dans les ingrédients pour
sommeil, la BPCO (Broncho-Pneumopa-
cacité du traitement et représente un
la santé ou la cosmétique.
thie Chronique Obstructive), le diabète, la
enjeu majeur de santé publique. C'est pour-
Maladie de Parkinson… et de la décision
quoi, Air Liquide Healthcare développe des
Un exemple de cette approche
des payeurs de favoriser la santé à domicile
programmes d'accompagnement* pour les
centrée sur le patient : le suivi
afi n de réduire les dépenses de santé.
patients afi n d'accroître l'effi
cacité du trai-
personnalisé pour l'apnée du
Air Liquide Healthcare prend en charge, à
tement. En complément d'un suivi régulier
leur domicile, plus d'un million de patients,
des patients à domicile par des techniciens,
1 à 6 % de la population adulte mondiale Air Liquide Healthcare propose un accom-
dans plus de 30 pays.
souff re du Syndrome d'Apnées du Sommeil
pagnement téléphonique par des infi rmiers,
Concilier santé, sécurité et autonomie des
(SAS), soit environ 2 millions de personnes
ainsi que des outils d'éducation innovants
patients à domicile devient ainsi la pierre
en France. Le SAS se manifeste, entre autres,
réalisés avec des experts médicaux.
angulaire qui privilégie une approche ho-
par une somnolence diurne et, la nuit, par
Pascal Vinet
listique de la santé et off re un formidable des ronfl ements sonores et des pauses respi-
Vice-Président des Opérations
potentiel d'amélioration de qualité de vie et
ratoires prolongées. Non traité, le SAS mul-
Mondiales Santé d'Air Liquide
d'économies contribuant à la durabilité des
tiplie par 6 le risque d'accidents de la route
systèmes de santé.
et de complications cardiovasculaires. Il peut également être la cause de nombreuses
* Air Liquide Healthcare a mené une étude à travers
Le développement de l'activité
sa fi liale VitalAire en 2006 avec 194 médecins et
autres pathologies (syndrome métabolique,
santé autour de 3 axes
674 patients qui a validé l'effi
cacité d'un programme
hypertension, dépression…) et altère consi-
d'accompagnement téléphonique sur l'observance du
Le Groupe Air Liquide poursuit le dévelop-
dérablement la qualité de vie.
traitement, avec l'augmentation signifi cative du taux de suivi du traitement (+8 points) et de la durée d'uti-
pement de son activité Santé selon les trois
8 personnes atteintes de SAS sur 10 l'ignorent.
lisation par nuit (+35 minutes).
www.centraliens.net
La modélisation heuristique
au service de la recherche biomédicale
L'utilisation de modèles informatiques heuristiques, basés sur l'intuition et l'expérience, permettrait de
lever certains des verrous scientifiques qui ralentissent l'avancée de la recherche et la mise sur le marché
de médicaments innovants. C'est l'idée que défendent les cinq fondateurs de la société francilienne
BMSystems qui développe la plate-forme de modélisation CADITM ( computer assisted deductive integration).
Celle-ci, mise au point en 2002, Il consiste, devant un problème complexe, à position de nos clients. Ainsi, nous travaillons
n'utilise pas d'algorithmes ma-
chercher la solution en dehors de son cadre dé-
pour la moitié de notre activité dans le cadre
thématiques mais s'appuie sur le fini. Prenons l'exemple d'une situation connue de collaborations qui conduisent à des valorisa-travail de biologistes intégrateurs de tous les jeunes parents. Parvenir à faire tions sous forme de licence ou création de spin-assistés d'outils informatiques, manger à son enfant un plat de spaghettis en off, et pour l'autre moitié dans les termes de la
suivant une approche heuristique.
sauce sans qu'il se tâche relève d'un problème recherche sous contrat. Dans l'un ou l'autre cas
BMSystems vient d'obtenir la preuve de complexe.
nous aidons les entreprises ou institutions des
concept industrielle de sa plateforme, dans le Vous pourrez construire les meilleurs modèles sciences du vivant à trouver des solutions à des cadre d'une collaboration de recherche avec mathématiques, faire appel aux cerveaux les situations de blocage. Dans le cas particulier de le CEA-iMETI (Institut des maladies émer-
plus brillants, vous ne trouverez pas de solu-
la santé, nous sommes capables par exemple de
gentes et thérapies innovantes) qui a mis au tions. Car vous persistez dans la résolution déterminer avant l'entrée chez l'homme l'échec jour de nouveaux mécanismes de dérégula-
du mauvais problème – éviter les projections probable d'une molécule. Nous pensons ainsi
tion en cause dans la maladie de Creutzfeldt-
de sauce – alors que la bonne question à se pouvoir accélérer considérablement les étapes
Jakob. Manuel Gea, cofondateur et directeur poser c'est comment ne pas tâcher le vêtement de R&D des pharmas.
général de BMSystems, revient sur les circons-
de l'enfant. En appliquant les principes de sé-
X Biotech finances :
tances de cette découverte scientifique et les mantique générale, vous comprenez qu'il faut nombreux potentiels de la technologie dans la
contourner la difficulté en mettant un écran Vous avez démarré en 2004
entre l'assiette et l'enfant et vous achetez un un projet collaboratif avec le CEA
qui vous a permis de faire
X Biotech finances :
bavoir. Ce cas nous éloigne beaucoup du sujet mais il démontre bien la logique différente avec
la preuve de concept industrielle
En quoi l'approche heuristique
laquelle nous étudions les travaux de nos clients
de votre plateforme.
permettrait-elle d'apporter
qui font appel à notre savoir-faire quand ils se
Dans quelles circonstances
des solutions là où les modèles
trouvent dans une impasse au niveau de leurs est née cette alliance ?
mathématiques ont échoué ?
Manuel Gea : En 2003, nous avons décidé de
Manuel Gea : La représentation cartésienne
réaliser sur nos fonds propres le premier modèle
des mécanismes du vivant sur laquelle repose X Biotech finances :
heuristique in silico d'une maladie humaine
encore en grande partie la recherche biomé-
Vous prétendez être
complexe, de type Creutzfeldt-Jakob. Nous
dicale a montré ses limites. Le taux de succès les pionniers dans la biologie
avions choisi cette pathologie parce que ses
des développements pharmaceutiques reste intégratrice.
mécanismes chez l'animal et chez l'homme sont
très faible, autour de 10 %, ce qui est préjudi-
Quel est votre modèle d'affaires ?
similaires et parce que c'est un cas d'école dans
ciable et ne peut plus durer, surtout lorsque Manuel Gea : Nous prenons soin de ne pas lais-
les maladies neurodégénératives. Il nous fal-
l'on sait qu'un candidat médicament nécessite ser à des intervenants extérieurs les moyens de lait un partenaire pour valider notre approche 10 ans de recherche et entre 500 m€ et 1 Md€ mettre la main sur nos actifs, et ce dans le but de et nous nous sommes tournés vers le CEA, d'investissement. Les chercheurs abordent la conserver le maximum de valeur. Nous sommes qui était déjà à cette époque le centre d'excel-biologie comme un ensemble de systèmes com-
cinq fondateurs, dont le Dr François Iris à l'ori-
lence reconnu dans le domaine des maladies
pliqués face auxquels ils tentent de trouver des
gine de notre plateforme de modélisation heu-
à prions. C'est d'ailleurs le CEA qui a mis au
solutions mathématiques. Or la vie relève bien
ristique CADITM, qui avons créé BMSystems point le test le plus performant de dépistage de
plus de systèmes complexes, intégratifs et non en 2004 avec 3,2 M€. Nous nous étions rappro-
la maladie de la vache folle. Très rapidement, le
linéaires que les algorithmes ne permettent pas
chés quelques années plus tôt, au sein du think
CEA a accepté de financer ce projet collaboratif
toujours de résoudre. Ce constat nécessite un tank Centrale Santé, dont je suis le fondateur, long terme, avec une part de risque très impor-changement urgent de paradigme dans lequel et où nous avons pu développer notre réflexion tante, pour valider notre modèle CADI™. De les outils informatiques heuristiques vont jouer
autour de la biologie intégrative. BMSystems a
surcroît, nous n'étions pas connus à l'époque.
un rôle important. Notre approche s'inspire en
été profitable dès 2006 et nous ne souhaitons Enfin, fait rare qui ne serait peut-être plus pos-
partie d'un concept utilisé en sciences sociales, pas ouvrir le capital, dont nous sommes, avec sible aujourd'hui, nous n'avions signé aucun appelé la sémantique générale ou raisonne-
les dirigeants, propriétaires. Notre technologie accord formel, décidant simplement d'avancer
ment par sélection négative d'hypothèses. n'est pas ouverte au licencing ni à la mise à dis-
ensemble si les recherches aboutissaient.
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
Nous réussissons à imposer notre façon
de penser quand les lignes bougent.
Les applications de la biologie des systèmes
concernent l'ensemble des aires thérapeutiques.
X Biotech finances :
peutique. Nous pensons que les eff ets secondaires
aires thérapeutiques, nous travaillons pour re-
Quelles avancées avez-vous mis
parfois très handicapants de ces médicaments produire le succès avec des partenaires en onco-
pourraient ainsi être atténués. C'est cette décou-
logie, immunologie, dermatologie, métabolisme
verte qui a fait l'objet du dépôt de brevet dont et biotech industrielle.
Manuel Gea : Dans la maladie de Creutzfeldt-
nous sommes copropriétaires avec le CEA, et qui
Jacob l'approche traditionnelle consistait à s'in-
Avec cet objectif de devenir à long terme un
sert de support à l'essaimage d'une jeune entre-
téresser uniquement à l'action du prion sur les
leader mondial de la biologie intégrée.
prise par le CEA.
neurones. Or les neurones ne représententen-
Propos recueillis par
viron que 50 % du volume du cerveau. Nous
X Biotech finances :
sommes partis de l'hypothèse inverse, cher-
Quels autres débouchés
Journaliste Biotech Finances
chant la solution dans la matière autour des pourrez-vous toucher ?
neurones et c'est cette voie que nous avons Manuel Gea : La même démarche de recherche
POUR EN SAVOIR PLUS
investiguée. Avec le CEA, nous avons analysé
pourrait s'appliquer à de nombreux champs
les prédictions de notre modèle CADI™ sur les
dans les maladies neurodégénératives et la psy-
fonctions cérébrales retenues, qui prédisait une
chiatrie. Parmi les plus gros marchés visés, nous
dérégulation possible de certaines protéines travaillons sur la maladie d'Alzheimer pour
composantes du cytosquelette cellulaire (celles
laquelle un modèle CADI™ décrit trois méca-
qui jouent un rôle clé dans la liaison du réseau
nismes causaux qui ne sont pas les deux « pen-
d'actine à la membrane de la cellule) tout
LE CEA VALORISE À PLEIN
sées dominantes » du moment, et sur la mala-
comme de certaines enzymes décrites comme
die de Parkinson pour laquelle nous avons un
intervenant dans la plasticité synaptique et la
La start-up qui a vu le jour au terme
modèle CADI™ descriptif d'une stratégie thé-
mémoire. Les résultats expérimentaux du CEA
du projet partenarial avec BMSystems
rapeutique inédite combinant deux produits
dans des modèles de maladie à prions de la sou-
est la 19e spin-off en sciences du vivant
donnés, à des moments diff érents, et dont la
ris ont permis de montrer l'augmentation d'une
du CEA depuis 1984, sur un total de
preuve de concept scientifi que pourra, compte
des protéines identifi ées, a priori, ainsi que
180 essaimages, tous secteurs confon-
tenu de leur profi l de risque exceptionnel, être
l'absence de régulation de l'activité d'une autre
dus. Pierre Chagvardieff , représentant
testée directement sur l'homme. Au total, nous
enzyme (sérine racémase). Nous avons alors
du CEA dans le pôle de compétitivité
conduisons une quinzaine de programmes
intégré ces nouvelles données et recompilé l'en-
Medicen Paris Région, se félicite du
dans huit aires thérapeutiques diff érentes, à
semble pour aboutir à un nouveau modèle pré-
succès de la collaboration qui a été
des stades plus ou moins avancés. En oncologie,
disant l'intervention des astrocytes et suggérant
rendue possible grâce à la dynamique
notre approche consiste à dire qu'il ne faut pas
l'implication d'autres protéines transmembra-
partenariale créée par le pôle francilien.
seulement se concentrer sur les tumeurs solides
naires, appelées connexines, permettant de
Elle démontre que l'organisme de re-
composées de plusieurs éléments aux méca-
transmettre des molécules entre les cellules. Au
cherche, tout en étant à la pointe dans
nismes diff érents mais empêcher l'apparition
fi nal, nous avons identifi é une connexine par-
ses secteurs de spécialité en biologie,
ticulière qui était anormalement élevée chez des métastases en isolant la tumeur des tissus
notamment l'innovation thérapeutique
les animaux infectés et qui favorisait la diff u-
sains avec des « coques ».
et diagnostique, dont l'imagerie biomé-
sion de petites molécules entre les cellules. Des
X Biotech finances :
dicale, les bioénergies ou la radiobio-
essais de molécules à activité anticonnexine Après dix ans de développe-
logie/toxicologie, garde une politique
ont été entrepris pour contrer ce phénomène de
d'ouverture avec son environnement
ment, quelle suite envisagez-vous
diff usion. Des résultats originaux ont alors été
proche et en particulier avec les PME
pour BMSystems ?
obtenus, justifi ant une protection intellectuelle
innovantes. Historiquement actif dans
par brevet, en 2008, qui vient d'être délivrée au
Manuel Gea : Paradoxalement, nous mar-
la valorisation de ses travaux de re-
niveau européen.
chons à contre-cycle du reste de l'industrie
cherche, le CEA renforce ses actions
pharmaceutique, c'est-à-dire que nous réussis-
en ce sens, encouragé par ses autorités
X Biotech finances :
sons à imposer notre façon de penser quand les
de tutelle ministérielles qui voient dans
Le projet a abouti à la création
lignes bougent dans un secteur donné. C'est le
l'accélération du transfert de techno-
d'une start-up. Quelle application cas aujourd'hui dans les maladies neurodégé-
logies le moyen de déployer l'innova-
va être développée ?
nératives et psychiatriques, un marché global
tion et de contribuer à la réindustria-
Manuel Gea : Les molécules anticonnexines qui
colossal en pleine transformation. Nous avons
lisation de la France. « La valorisation
ont été identifi ées potentialisent l'eff et des psy-
donc fait des maladies du système nerveux
est au coeur des préoccupations du
chotropes tels que les antidépresseurs et les an-
central et périphérique un axe de recherche
CEA, commente Pierre Chagvardieff .
xiolytiques. Le CEA a en eff et passé en revue la
prioritaire et estimons pouvoir gagner 40 % de
Nous souhaitons continuer et réaffi
plupart des médicaments psychotropes et décou-
parts du marché de la biologie des systèmes, où
notre mission de transférer la recherche
vert que ces molécules permettaient de baisser les
notre crédibilité vient d'être renforcée grâce aux
vers l'industrie. »
doses de 5 à 20 fois pour un même eff et théra-
avancées réalisées avec le CEA. Dans les autres
www.centraliens.net
Créer une École
interprofessionnelle
en Santé
La création d'une Ecole interprofessionnelle de Santé, l'ESi3S, répond au besoin de construire
des chaînes innovantes de création de valeurs se rapportant à la santé et la bioéconomie.
Ses promoteurs, professionnels médicaux, de l'ingénierie et du management, ont pour certains,
une expérience de plus de 30 ans de notre système de santé, soit un cycle complet de son évolution
Ils ont une pratique des différents acteurs avec la bio économie est bien notre premier Il est remarquable de constater que les écoles
de ce système : les réseaux profession-
défi dans une transition énergétique de la de médecine, pharmacie, odontologie,
nels et structures académiques, les orga-
société allant de pair avec les innovations
maïeutique et médecine vétérinaire, sont
nisations de soins ou services privées et
des grandes écoles professionnelles qui s'in-
publiques, les industries et les institutions.
C'est encore plus évident avec le programme
tègrent à des degrés différents aux établisse-
Ils ont l'ambition de faire de cette École un de recherche et d'innovation de l'Union Eu-
acteur reconnu dans une économie du savoir
ropéenne Horizon 2020, qui fait de la santé,
En observant que les écoles normales supé-
en pleine recomposition.
du changement démographique et du bien-
rieures sont à l'interface entre les disciplines
être d'une part, de la bio économie d'autre et les professions en formant des profession-
La Santé, enjeu de départ
part (produits alimentaires et autres produits
nels de l'enseignement, il apparaît évident
du 21e siècle
d'origine biologique), les deux premiers défis
qu'il faut promouvoir la coopération entre
C'est devenu maintenant une évidence lar-
sociétaux à relever.
les écoles doctorales, les écoles normales
gement partagée : la santé est un des grands Nous allons nous intéresser à un des acteurs supérieures et les grandes écoles.
enjeux du XXIe siècle. Mais avons-nous la majeurs de la création de valeurs en santé et Ceci permettra tout à la fois d'ancrer l'en-
même conception de cet enjeu alors que les bio économie, celui qui se régule par l'écono- seignement supérieur sur les réseaux pro-
uns la voient comme une charge et les autres
mie du savoir entre économie de marché et
fessionnels et interprofessionnels en prise
comme un produit ?
directe avec la réalité des métiers exercés, et
Louis Gallois dans son Pacte pour la com-
d'augmenter le nombre de diplômés. C'est la
pétitivité de l'industrie française, définit trois
La Santé au cœur
meilleure voie pour accroître notre compé-
: les technologies génériques, la de l'économie du savoir
titivité au niveau international et dévelop-
santé et l'économie du vivant, la transition La dualité de l'enseignement supérieur fran-
per nos performances nationales.
çais entre grandes écoles et établissements
Pour soutenir une telle approche de l'ensei-
Pour l'Ecole Centrale Paris, la santé avec les
universitaires, loin d'être un inconvénient gnement supérieur, le renforcement des
biotechnologies constitue un des sept enjeux
comme on l'entend parfois, est un avantage réseaux professionnels et interprofessionnels
du XXIe siècle avec l'énergie, l'environne-
décisif dans une économie du savoir inté-
sur lesquels ces différentes écoles s'appuient,
ment, l'information et la connaissance, les grant les connaissances avec les compétences,
est une nécessité. Dans l'encart « Dynamique
territoires et le bâtir durable, les transports et
les disciplines avec les professions. La santé,
de développement continu des professions
la mobilité, les mutations économiques.
à la jonction de ces deux approches, permet
concourant à la santé », nous détaillons les
On le comprend d'autant mieux que la santé,
de bien comprendre cet avantage et d'en tirer
initiatives prises par ces grands réseaux pour
c'est à la fois le bien-être et les pathologies
les conséquences.
se renforcer et se fédérer, en partant de ce que
aux différents stades de la vie. La santé met en
La santé est un sujet d'étude pour chacune
font actuellement les professions et spéciali-
rapport l'éducation avec la famille, le travail
des grandes disciplines : lettres, langues et tés médicales. Et dans l'encart « L'incubateur
et l'autonomie. Avec cette vision non réduc-
arts ; sciences humaines et sociales ; techno-
Centrale Santé » nous montrons l'apport
trice, on voit que les enjeux et priorités pré-
logie et sciences (biologie, physique, chimie,
majeur de la Communauté centralienne à
cédents sont interdépendants et s'enchaînent
mathématique ou informatique)
; gestion, une approche interprofessionnelle de haut
les uns avec les autres.
économie et droit. Elle donne une unité à ces
niveau de la santé.
Si l'on rapproche les conceptions d'une part
quatre champs disciplinaires des universités.
L'enjeu de la santé est donc en train de bou-
du Pacte proposé par Louis Gallois, diplômé
La santé se décline entre les professions leverser l'organisation des connaissances et
de grandes écoles de management (HEC médicales, mais aussi de l'ingénierie et du compétences dans une économie du savoir
et ENA) et d'autre part de l'Ecole Centrale management, donc trois des plus grandes qui devient déterminante dans chaque pays
Paris, grande école d'ingénieurs, la santé écoles professionnelles.
et à l'échelle européenne et mondiale. Le
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
Pamela Hartzband
et Jerome Groopman.
chantier est évidemment considérable.
> Phase II : mise en œuvre de premiers pro-
Dans ce contexte, nous allons présenter grammes d'enseignement concernant d'une maintenant la création d'une école interpro-
part le nouveau-né, l'individu au travail, le
fessionnelle de santé.
senior fragile, et d'autre part le management de structures de soins ou services de santé.
Une Ecole interprofessionnelle > Phase III : lancement de projets de re-
de Santé
Le grand tournant (1968-2003) .
cherche et d'innovation avec les acteurs de la
L'Ecole Supérieure d'innovation et d'ingé-
construction de chaînes innovantes de créa-
nierie interprofessionnelle de Santé, l'ESi3S,
tion de valeurs.
vise à explorer des champs de connaissances
> Phase IV : reconnaissance de l'ESi3S dans
et compétences nouveaux :
un ou plusieurs des grands ensembles de
> d'une part entre les trois grandes profes-
recherche et d'enseignement supérieur qui
• École de santé de Paris, Faculté de
sions concourant à la santé, chacune ayant devraient se structurer entre la santé, la tech-
médecine de Paris, Société de l'École
besoin pour bien collaborer avec les deux nologie et la société.
de médecine, in correspondance fa-
autres, d'en recevoir des connaissances vul-
miliale, vie intellectuelle – Ecole des
garisées, et ceci de manière concordante : En conclusion
Hautes Etudes en Sciences Sociales.
la médecine en ingénierie et management, l'ESi3S garantie son autonomie dans les
• L'off re de formation des universi-
l'ingénierie en médecine et management, le
champs du savoir en s'appuyant non sur les
tés : création de diplômes et stra-
management en médecine et ingénierie,
établissements d'enseignement supérieur,
tégie d'établissements - Centre de
> d'autre part, entre ces trois grandes pro-
mais sur les forces convergentes des réseaux
Gestion Scientifi que de l'École des
fessions et les disciplines universitaires
des professions médicales, de l'ingénierie
Mines de Paris - 2001.
entre lesquelles la santé d'une personne se et du management, en commençant par
• L'École Centrale Paris : le grand
décompose. Chacune de ces professions ceux de Centrale et Essec Santé qui ont déjà
tournant (1968-2003) ou comment
cherche bien à améliorer son approche plu-
ouvert le chemin d'une approche interpro-
se préparer au marché global de la
ridisciplinaire de la santé, par exemple les fessionnelle. L'ESi3S est un véhicule d'explo-
connaissance – Daniel Gourisse et
professions médicales à travers les sciences ration de champs de connaissances et com-
Monique Pineau - préface Yvon
humaines et sociales. Mais la faible collabo-
pétences à découvrir entre les disciplines
Gattaz - 2008.
ration interprofessionnelle laisse des « angles
universitaires et les grandes professions en
• La Jaune et la Rouge : Dossier
morts », des lacunes ne favorisant pas, voir
réponse au défi de la santé et de la bio éco-
Recherche et Société - décembre
bloquant le développement de notre savoir.
nomie exprimé tant au niveau national (« la
santé et l'économie du vivant » dans le rap-
2009 - n°650.
Ces deux champs sont complémentaires port sur la compétitivité de l'industrie fran-
• Th e New Language of Medicine -
et indissociables, il est donc cohérent qu'ils
çaise) qu'au niveau européen (« la santé et la
Pamela Hartzband, M.D., and
soient explorés au sein d'une même école.
bio économie » du programme de recherche
Jerome Groopman, M.D. New
Par analogie avec le médicament dont le et d'innovation de l'Union Européenne).
England Journal of Medicine -
développement en quatre phases est bien L'ESi3S est un support à court, moyen et
October 2011.
connu, l'ESi3S a pour ambition de participer
long terme pour chacun de nous, personne
• Pacte pour la compétitivité de l'in-
à la construction de chaînes innovantes de
physique ou morale, ayant le désir et la vo-
dustrie française – Louis Gallois -
création de valeurs se rapportant à la santé,
lonté de participer à la création de valeurs en
octobre 2012.
en se développant de la manière suivante étant auteur de programmes d'enseigne-
(voir l'encart « Développement de l'ESi3S en
• Développer la formation interpro-
ment ou de projets de recherche et d'inno-
quatre phases ») :
fessionnelle pour optimiser la per-
vation interprofessionnels relevant ce défi à
formance de l'hôpital – Mémoire de
> Phase I : association de préfi guration du
l'entrée dans le XXIe siècle.
recherche de Laura Ceddaha – 2013 -
projet ESi3S avec des experts des grandes
Michel Daigne (ECP 70)
approches du savoir en rapport avec la santé
Président de l'ESi3S
(écoles ou universités, professions et acadé-mies). Cette phase de 18 mois s'est terminée fi n 2013.
www.centraliens.net
Dynamique de développement continu
des professions concourant à la santé
Ce sont les professions et spécialités médicales qui se sont les plus investies dans un développement continu individuel et collectif de leurs connais-
serment d'Hippocrate qui posait déjà un principe d'économie du
sances et compétences tout au long de leur vie professionnelle, et ceci depuis le savoir il y a 25 siècles.
bles pour se fédérer
Elles se sont engagées dans une phase nouvelle depuis quelques années. Leurs différentes organisations font des efforts considéra
pratiques, améliorer leurs
entre public ou privé avec leurs collèges d'enseignants, sociétés savantes et syndicats professionnels, et pour analyser leurs
eurs codes de déon-
connaissances et accroitre leurs expertises et leurs compétences dans un développement professionnel continu (DPC) conforme à ltologie et devenu une obligation réglementaire.
s joue un role majeur,
Cette évolution organisationnelle des professions et spécialités médicales pour laquelle la Fédération des Spécialités Médicale
en plus performants pour
amène à concevoir de véritables stratégies par profession et spécialité et entre elles et à mettre en œuvre des moyens de plus améliorer les connaissances et compétences des professions médicales.
Pour les professions de l'ingénierie, c'est objectivement la Communauté centralienne qui possède aujourd'hui la plus longue et profonde expérience,
Centrale Paris ayant conçu
en particulier grâce aux efforts de Centrale Santé depuis près de 20 ans. Le terreau était favorable, les fondateurs de l'Ecole s aussi une école pour des
non seulement une école d'«ingénieurs civils» se différenciant d'une école d'«ingénieurs militaires», l'Ecole Polytechnique, mai
« médecins des usines et des fabriques », c'est-à-dire ayant une "approche clinique" des entreprises.
Avec l'expérience acquise par Centrale Santé, nous savons qu'il nous faut différencier non seulement l'ingénierie civile de l'ingénierie militaire, mais
ruire une ingénierie de la santé
aussi l'ingénierie clinique de l'ingénierie industriellle, chacun ayant un rapport à l'être humain qui lui est propre, et const
s actifs dans le
sur ces quatre bases. C'est en ouvrant ce chemin que Centrale Santé a commencé à imaginer un programme permettant aux ingénieur
champ de la santé de se valoriser en s'engageant dans une démarche d'accréditation du niveau de celle des professions médicales
Pour les professions du management, plusieurs communautés professionnelles ont une grande expérience, et elles se différencient par le champ
qu'elles couvrent :
onnelles de l'Ecole des Hautes
X Pour les institutions de la santé publiques et privés (agences, administrations, assurances, etc.) : les communautés professi
rieure de Sécurité Sociale
Etudes de Santé Publique pour les directions des établissements sanitaires et médico-sociaux publics, de l'Ecole Nationale Supé
e SciencesPo, etc.
pour les directions des caisses de sécurité sociale, de l'Université Paris-Dauphine très active dans le champ des assurances, d
X Pour les entreprises industrielles, on retrouve bien sûr les différentes grandes écoles de management (ESSEC, HEC, INSEAD, ESCP
ans de la santé, est
Et la communauté professionnelle qui se détache à la fois par son histoire, son approche du management et son expérience de 20
ins ou services,
l'ESSEC. Cette communauté professionnelle explore depuis longtemps une voie en prise à la fois avec les différentes organisations de so
les industries et les institutions de la santé.
Ce n'est donc pas un hasard si la Communauté centralienne, associée dorénavant à la Communauté des Supélec, et la Communauté de
e biomédicale et de la
la pointe du mouvement pour construire des chaînes innovantes de création de valeurs s'accordant avec les acquis de la recherchsanté publique.
Développement de l'ESi3S en quatre phases
Le développement de l'ESi3S est programmé en fessionnel continu en prise avec les différents métiers de
quatre phases, par analogie avec le développement
la santé (soins ou services, produits et biens). Les trois pre-
bien connu d'un médicament.
miers programmes, en gestation au cours de la phase précé-
Phase I
dente, vont concerner d'une part le nouveau-né, l'individu
au travail, le senior fragile, et d'autre part le management
L'expérience de 18 mois depuis la création de l'association
de structures de soins ou services de santé en complé-
ESi3S en juin 2012, a constitué la phase I de préfiguration
ment de ce qui existe pour les directions d'hôpitaux publics.
du projet innovant d'Ecole interprofessionnelle de Santé
Chaque programme est conçu par des professionnels ayant
au cours de laquelle se sont exprimés les points de vue de
expérimenté eux-mêmes une approche interprofessionnelle
personnalités qualifiées dans les différents champs de savoir
de la santé et se reconnaissant entre pairs.
(établissements universitaires, grandes écoles, réseaux pro-fessionnels, structures académiques).
Ces programmes sont instruits par les conseils pédago-gique et scientifiques de l'ESi3S. La durée de cette phase
Phase II
est estimée à 2 ans, soit le temps d'avoir un retour d'expé-
Le projet ESi3S passe actuellement à une phase II, celle où
rience significatif sur les premiers programmes d'ensei-
elle prend son autonomie en mettant en œuvre des pro-
gnement et de formaliser les premiers projets de recherche
grammes de développement professionnel et interpro-
et d'innovation.
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
L'incubateur Centrale Santé
Centrale Santé est né de la rencontre de centraliens ayant une expérience professionnelle en santé et hors santé avec souvent un double diplô
é, directeurs d'hôpitaux,
professionnels de la santé non centraliens : professionnels médicaux, chercheurs en biologie, entrepreneurs de produits de santassureurs, etc.
en particulier dans des mas-
Pendant près de 20 ans, nous avons travaillé au sein de l'Association et le plus souvent possible avec l'Ecole Centrale Paris, tères spécialisés en santé.
Nous avons ainsi pris la mesure du besoin d'un nouvel équilibre économique entre développement institutionnel et croissance industrielle dus
système de santé. Et nous avons compris que pour atteindre cet équilibre économique, il fallait une nouvelle économie du savoir entre les grande
professions concourant à la santé.
Centrale Santé a constitué un incubateur pour le développement d'un langage interprofessionnel permettant de concevoir cette évolution du système
d'enseignement (quatre
de santé, à travers un très grand nombre de groupes de réflexion, de projets interprofessionnels (plus de 200) et de programmes mastères spécialisés).
edicine » dans le New
Nous avons été sensibilisé au cours de cette période d'incubation par plusieurs publications, par exemple "The New Language of M
par les langages
England Journal of Medicine d'octobre 2011, sur les risques de pollution et d'appauvrissement du langage des professions médicales
linique à presque rien.
de l'ingénierie, promotrice de normalités, et du management, promoteur de lois communes, réduisant le champ de la singularité c
st-à-dire basées sur une
Ce qui a manqué à cette expérience, c'est la possibilité d'ouvrir des voies de recherches réellement interprofessionnelles, c'e hes opérationnelles) et
coopération entre les méthodes de la médecine (recherches clinique, biomédicale et en santé publique), de l'ingénierie (rechercdu management (études de cas).
Cette expérience a enfin permis de commencer à pratiquer une ingénierie de la santé en prise avec les pratiques de la médecine et du management, et
visant à associer des innovations d'usages à des innovations technologiques dans de nouveaux modèles économiques.
Après cette période d'incubation, aujourd'hui, trois projets s'autonomisent :
X Organisation d'un réseau ouvert entre communautés professionnelles s'amorçant par Centrale Santé, Essec Santé et Supelec Santé,
n espace-santé@ sur Imagi-
l'initiative de conférences-débats régulières sur le thème génériques de « La santé : l'heure des choix » et de l'ouverture d'u
et l'appui de Daniel
nation for People. Cette initiative est portée par Manuel Géa (ECP 83) président fondateur de Centrale Santé avec Michel Daigne
ments précités,
Grimm (ECP 66), Irina Jaubert (ECP 83), membre du bureau de Centrale Economie Sociale et Solidaire et les présidents des groupe
Gilles Lasserre pour ESSEC Santé et Philippe Karam pour Supélec Santé.
après le cycle des années 1950 à 1980 qui a permis
X Promotion d'un nouveau grand cycle de convergence et d'innovation des industries de santé,
nées 1980 à 2010, où les
de construire des entreprises puissantes à partir des pratiques cliniques, puis des spéculations technologiques du cycle des an
industriels se sont éloignés de ces pratiques cliniques. C'est ce que montre Manuel Géa.
3S, par des professionnels ayant décidé
X Et enfin, création d'une Ecole Supérieure d'innovation et d'ingénierie interprofessionnelle de Santé, l'ESi
de relever ensemble le défi d'une collaboration de haut niveau entre professions médicales, de l'ingénierie et du management. Pl
fique « leader,
de notre communauté centralienne comme Daniel Grimm et Irina Jaubert, y apportent toutes leurs capacités d'ingénieur et scientientrepreneur et innovateur ».
Phase III
Phase IV
3C'est la phase de lancement de projets de recherche et d'innovation. 4
Enfin, la phase IV sera atteinte lorsque les études (programmes d'ensei-
cours de la phase II, nous aurons réuni et documenté suffisamment de
gnement et projets de recherche et d'innovation) sur la construction de ces
cas différents d'organisations de santé avec les projets des participants aux
chaînes innovantes auront permis d'obtenir des résultats suffisants pour que
programmes (par exemple pour le nouveau-né en Ile de France, à la Réu-
l'ESi3S soit reconnue dans le cadre des grands ensembles de recherche et
nion et dans l'Océan Indien, en Pays de Loire, etc.) pour pouvoir engager
d'enseignement supérieur qui devraient se structurer entre la santé, la tech-
la phase de recherche et d'innovation. Au cours de la phase II, nous allons
nologie et la société : entre Sorbonne Paris Cité, Paris Orsay et Paris Grand
aussi travailler à la convergence des méthodes de recherche des professions
Ouest favorisé par les liens déjà tissés entre Paris Descartes, Centrale Paris et
médicales, de l'ingénierie et du management, ce qui exige de mobiliser des
l'Essec sur la santé et la bio-économie (par exemple Paris Biotech et Santé),
expertises très larges. Les projets de recherche et d'innovation auront pour
mais aussi son pendant dans l'est de l'Ile de France (Sorbonne Universités,
objet la construction de chaines innovantes de création de valeurs entre les
Université Paris Est, etc.) et d'autres ensembles émergeant dans les grandes
acteurs de la santé : les organisations de soins ou services privées et publiques,
régions européennes ou extra européennes.
les industries (produits de santé, TIC, aliments/environnement, BTP, etc.) et les
Le temps de la reconnaissance de l'ESi3S comme grande école prévue au
institutions (représentants des familles, des partenaires sociaux et des usagers,
passage de la phase III à la phase IV, est donc estimé aujourd'hui à 5 ans, soit
assurances et Etat) avec au centre un approfondissement de la collaboration
au début de l'année 2019.
entre professions et disciplines. La durée de cette phase est estimée à 3 ans, soit le temps d'obtenir des résultats avec les premiers programmes de recherche et d'innovation et d'instruire la reconnaissance institutionnelle de l'ESi3S.
www.centraliens.net
Les Ateliers de l'Évolution
en Santé (A.E.S)
Réunir les communautés professionnelles
sur les grands choix de santé
Conférence du 28 mai 2013 « La santé : l'heure des choix ».
> par ailleurs, un contact d'ESS Centraliens
avait été pris avec Paul Aussage qui s'est longtemps occupé d'ESSEC Alumni et a permis de faire connaissance de Gilles d'ESSEC Santé : le groupe s'est élargi à 3.
Organisation de la
1ère Conférence commune
ESSEC Santé, Centrale Santé et ESS
Quel thème choisir ? Pour un vrai démar-
prenantes : les personnes avec leurs pro-
rage, il a été envisagé repartir de zéro,
ches, les organisations de soins ou ser-
c'est-à-dire de commencer par évoquer le
vices de santé, les pôles de recherche et
thème général de l'économie de la santé qui
d'enseignement, les entrepreneurs, les va avoir des problèmes de survie dans le industriels et les institutions.
contexte actuel.
Et à qui s'adresse-t-on ? Et comment ?
En pratique, comment
Comme dans toutes les entreprises, les mé-
participer à l'Espace Santé.
tiers sont cloisonnés et la difficulté est sou-
Le début de l'histoire
vent plus culturelle que technique : l'ambi-
2e conférence Santé (innovation).
tion était de décloisonner les professions de
Tout d'abord un long actif : une grande ex-
santé pour ce qui concerne le terrain (méde-
L'initiative prise par Supelec Santé, Centrale
périence en ingénierie et management de la cins, personnel de santé…), l'ingénierie et le
Santé, ESS-Centraliens et Essec Santé :
santé capitalisée par Centrale Santé : 20 ans et
> des diners-débats trimestriels sur le thème
Essec Santé : 25 ans déjà. Les 2 écoles ont un
Les intervenants ont donc été choisis cha-
général « La Santé : l'heure des choix ,
long historique dans l'enseignement supérieur
cun dans un des 3 domaines : l'économie de
> l'ouverture de l'Espace Santé sur Imagi-
et la recherche lié au domaine de la santé.
la santé, l'industrie de la santé et le terrain
nation for People qui vise à favoriser avec
Puis la création d'ESS Centraliens en 2012
des moyens numériques, les échanges par Mathieu Dehaudt et la composition de
Une Conférence et après ?
d'idées et de projets entre communautés
son bureau :
Une 2e volonté était de lancer un débat, et
professionnelles concourant à la santé.
le lancement de 2 conférences générales
de creuser les sujets avec les intervenants
sur les acteurs de l'ESS :
À choisir entre
de la salle : la Conférence a été habilement
« Une économie de coopération, mythe ou
les deux formulations
orchestrée par Thomas Munier, membre
d'ESS Centraliens pour recueillir les ques-
L'un avec l'autre concourent à l'émer-
tions que chacun se posait relativement aux
gence de nouvelles règles du jeu fondées
et « Ingénieur dans l'ESS, quelles opportu-
problèmes rencontrés dans le monde de
sur les grands choix à faire entre les pro-
la santé. Michel a patiemment trié les 100
fessionnels, les industriels et les institu-
post-it : - pendant les interventions de nos
tions au regard du développement de la
> puis un contact de Michel Daigne, Cen-
Conférenciers, puis 10 groupes de travail
créativité personnelle et de l'évolution
trale Santé, à la 2e Conférence : il avait ont été organisés.
concomitante des organisations en santé.
l'idée qu'on pourrait faire des actions com-
Résultat : 10 thèmes de débat travaillés
2. L'objectif est la construction de chaînes
munes, ça tombait bien, l'ESS est transver-
pendant 2 heures qui ont été saisis dans
de création de valeurs innovantes en
sale par essence et le groupe envisageait de
des wikis de travail…
santé entre leurs différentes parties
faire des conférences thématiques…
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
Page d'accueil « imaginationforpeople ».
Que fait-on
Elle a permis de confirmer le succès ren-
Notre présentation de l'ouverture plate-
après la 1ère Conférence ?
contré par l'initiative commune aux 3 grou-
pements professionnels et de structurer https ://docs.google.com/presentation/d/
Il a été suggéré d'ouvrir un blog, de faire un
l'approche. 4 thèmes ont émergé pour 1OCkwCTnPrqpiDcTublclGvZhfpO-K5tjhvjZx-
livre, de continuer les thèmes évoqués lors
nourrir les premiers « Atelier de l'Évolution
des prochaines Conférences. Le succès ren-
en Santé » (AES).
contré dès la première réunion a amené à
Lien sur le film de présentation
considérer une suite…
Ô Thématique A
Et puis a germé une idée de connexion avec
Conception interprofessionnelle de la santé
la plate-forme collaborative Imagination for
Les « Ateliers de l'Évolution en Santé » ont
Approfondir la conception interprofes-
people dans laquelle on peut poster ses pro-
pour principe d'inviter les professionnels
sionnelle de la santé entre professions de la
jets, organiser des événements, rédiger des
en santé à venir débattre de l'évolution et
médecine, de l'ingénierie et du management
livres à plusieurs, et où plusieurs groupes
des mutations du secteur. Ces ateliers sont
en rapport avec les disciplines universi-
thématiques existent déjà : pourquoi ne pas
ouverts à tous, alumni ou non alumni, tra-
taires, en allant des pratiques collaboratives
utiliser cette plate-forme qui existe déjà plu-
vaillant dans ce domaine. Ce maillage, créé
sur le terrain à des projets de coopération
tôt que de repartir de zéro ? Après contact
entre les managers et professionnels du
en recherches et innovation jusqu'à la coor-
avec Jean-Michel Cornu, nouvelle chance :
monde de la santé, permettra des échanges
dination de programmes d'enseignement
il voulait justement créer un groupe santé et
d'expériences, sources de richesses et de
n'avait pas encore les contacts…
supports pour les projets présents et à venir.
Ô Thématique B
Le groupe, soutenu par l'équipe d'Imagi-
La personne auteur de sa santé
La suite ?
nation for people s'est alors attelé à la mise
La personne auteur de sa santé en rapport > Tout ce qu'on a indiqué dans nos planches
en place d'un Espace Santé au sein de cette
avec son organisation : santé et éducation,
d'ouverture Espace Santé,
plateforme collaborative pour regrouper famille, travail et autonomie, organisation
les différents apports et communications.
> Une prochaine conférence commune
à domicile, en ambulatoire, hospitalière et
Le réseau social « imaginationforpeople.
aux 4 groupements est prévue le 8 Avril
org » a permis de porter ce projet. Cet outil
2014. Le thème sera précisé dans les
internet permettra ainsi de favoriser et de Ô Thématique C
prochaines semaines et concernera la
structurer les échanges entre les membres Convergence des filières industrielles
régulation des intérêts individuels et col-
inscrits et de proposer des « Ateliers de Être partie prenante de la convergence des
lectifs en Santé (don de soi et monnaies
l'Évolution en Santé ».
grandes filières de production industrielle :
alternatives, assurances et protection
Pharma/Dispositifs Médicaux, Biotech-
sociale, réglementation de la recherche
Là-dessus, compte tenu des rapproche-
nologies, Technologies Numériques et de
et principe de précaution). Cette nou-
ments en cours entre Supélec et Centrale, l'Information, Agriculture/Agroalimen-
velle réunion sera également l'occasion
Michel s'est rapproché de Supélec Santé qui
de faire un premier bilan des « Ateliers
a rejoint la dynamique.
Favoriser et aider les initiatives entrepre-
de l'Évolution en Santé » quelques mois
C'était parti pour une nouvelle étape : or-
neuriales pour pousser l'innovation et
après leur démarrage.
ganiser l'ouverture de l'espace collaboratif
et l'ouverture des « Ateliers de l'Évolution
> Beaucoup de travail qui nécessite des
en Santé » !
Ô Thématique D
bonnes volontés, alors n'hésitez pas à
Intégrations institutionnelles de la société
nous rejoindre, pour un vrai processus
2e Conférence et ouverture
civile de la finance et du politique
d'innovation socio démocratique !
de l'Espace Santé
Participer aux intégrations institution-
collaboratif sur la plate-forme Imagina-
nelles entre les représentants de la société
tion for people
civile construisant de nouvelles chaînes de
La 2e Conférence traite d'innovation, mais
valeur, entre acteurs financiers (assurances,
et rejoignez le groupe .
on sait combien les freins sociologiques et
banques, investisseurs, etc.) porteurs d'in-
économiques sont nombreux dans les chan-
novations, et entre participants à la gouver-
gements de comportement. Le choix du nance démocratique de la santé.
Irina Jaubert - Centrale ESS
titre est délibéré…
Pour chaque thématique, les membres
Gilles Lasserre - Essec Santé
Retour sur le déroulement de cette Confé-
peuvent contribuer à travers des discussions
Philippe Karam - Supelec santé
et productions collaboratives.
Michel Daigne - Centrale Santé
www.centraliens.net
Les grands changements
dans l'univers des maladies rares
En 2014, le LFB fêtera ses 20 ans. Christian Béchon, PDG du groupe pharmaceutique spécialisé dans
les maladies rares, revient sur les réalisations du laboratoire mais aussi la reconnaissance de ces
maladies et les évolutions de l'environnement scientifi que, technique et social.
Chaque année depuis près de 20 ans des milliers de patients sont traités par nos médicaments
pour le traitement d'une maladie rare de la coagulation, pour un disfonctionnement de l'immunité
ou dans un cadre d'urgence.
ne doivent pas occulter les progrès réali-
ont permis une meilleure visibilité sociale
sés au cours des dernières décennies et les
d'une réalité exprimée très justement par un
avancées auxquelles les diff érents acteurs de
responsable associatif il y a quelques années
santé ont contribué. Le monde de la santé
« Si les maladies sont rares, les malades, eux,
au cours des 20 dernières années a connu
sont nombreux ». Cette pression sociétale a
des mutations profondes liées à plusieurs permis également très concrètement la mise révolutions. Ces changements sont par-
en place de plans maladies rares spécifi ques
ticulièrement sensibles pour les maladies avec en France la création de centres de ré-rares. La première révolution est celle de la
férence dont l'existence est une des réponses
connaissance avec évidemment le décryp-
à la première épreuve que rencontrent les
tage du génome humain mais c'est aussi malades, c'est-à-dire l'errance diagnostic et le développement des médicaments issus ses conséquences parfois dramatiques sur le du vivant. Dans le domaine de l'innova-
tion pour les traitements des patients, nous
La révolution numérique
sommes passés d'une ère chimique à une ou comment sortir de
ère biologique. La deuxième mutation pro-
l'ignorance et de l'isolement
fonde notamment en Europe est la place La troisième grande révolution - celle des
En 20 ans, cela veut dire des mil- du et des patients dans le système de santé. technologies d'information - n'est pas
lions de personnes concernées trai-
Aujourd'hui tout le monde trouve normal
propre à la santé, mais a eu des impacts
tées pour des pathologies toujours que les patients, usagers de la santé soient
extrêmement favorables pour les maladies
graves et souvent rares grâce au représentés dans des instances telles que rares. La création de banque de données
travail réalisé par les salariés du LFB. C'est
l'ANSM, de la HAS, au sein des hôpitaux.
accessibles à tous grâce au développement
vraiment un beau métier même s'il n'est pas
Ce qui relève aujourd'hui de la démocratie
du numérique a permis l'accélération de
toujours facile. Nous avons été pionnier no-
sanitaire n'était pas du tout envisagé il y a
la circulation des connaissances au niveau
tamment dans le domaine de la sécurisation
mondial. Le développement d'Orphanet est
biologique et dans le développement d'indi-
Les maladies rares :
dans ce domaine exemplaire. La révolution
cations pour des pathologies neurologiques
un changement de regard
d'internet a permis aux petites communau-
rares. Nous continuons à être innovants
tés composées d'individus éloignés, typi-
dans des techniques de production avec le
Dans le domaine des maladies rares, il y a eu
quement les malades atteints de maladies
développement de médicaments biotechs une sorte de révolution culturelle et sociale.
rares de partager des informations sur leur
et la mise en place récente d'une usine de
La société attend clairement du « système »
maladie, d'agir et de se soutenir dans des
thérapies cellulaires pour des médicaments
que l'on prenne en charge tous les patients.
parcours qui restent souvent diffi
cellules. Nous avons de vraies raisons d'être
La rareté de la maladie n'est pas ou en tout
les personnes et leur entourage.
fi ers du parcours depuis 1994 de cette en-
cas plus acceptée comme excuse pour une
treprise si singulière qu'est le LFB. Nous non prise en charge. Les associations et col-
Président du Laboratoire Français
sommes engagés pour la vie.
lectifs de patients ont contribué très large-ment à cette évolution majeure de mentalité.
des Biotechnologies
D'une ère chimique à une ère
À travers des marches très populaires, qui
biologique des traitements
sont un des grands moments du téléthon,
Les questions économiques dominent mais également grâce aux actions menées
aujourd'hui très largement les questions auprès des pouvoirs publics par des collec-
www.lfb.fr
de santé et c'est particulièrement aigu tifs comme Alliance Maladies en France et lorsqu'on parle des traitements et de leur Eurordis en Europe, le regard public et du prise en charge. Ces préoccupations actuelles
public a changé. Ces mouvements de fonds
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
La Fédération
des Spécialités Médicales
(FSM)
Depuis la fin 2007, la FSM a pro- Quelles missions ?
fondément évolué dans ses statuts
La FSM s'est fixée comme missions de :
et ses objectifs, pour devenir une
développer les relations transversales
fédération des Conseils Natio-
entre les spécialités,
naux Professionnels, structures fédératives Î
contribuer à l'amélioration de la qualité Créée en 1997 lors de
de spécialités au service de la qualité des
dans la prise en charge des patients par la
pratiques et des soins.
production d'analyses de recommanda-
l'élaboration des premiers
Qu'est- ce qu'un Conseil
tions et la mise en place d'outils de registres
textes réglementaires sur
National Professionnel (CNP) ?
et de systèmes d'information associés,
la Formation Médicale
Un CNP regroupe les différents organismes Î
décloisonner les modes d'exercice de la
représentatifs de la spécialité : la ou les socié-
Continue (FMC), la Fédération
tés savantes, les syndicats, les structures fédé-
La FSM est conventionnée avec le Ministère
des Spécialités Médicales
ratives par exemple universitaires, les orga-
de la santé depuis 2010. Le troisième avenant
nismes impliqués dans la formation. Il existe
signé en décembre 2013 reconnaît que « la (FSM) regroupait initialement
un seul CNP par spécialité, il doit donc doit
FSM est un partenaire essentiel pour le mi-
les sociétés savantes de
veiller à une représentation la plus exhaustive
nistère de la santé comme conseiller et pour
possible de la spécialité, en particulier la parité
assurer la promotion et le déploiement des la plupart des spécialités
entre le public et le privé.
politiques publiques majeures du champ de
Les CNP ont pour principales missions de la santé ».
d'exercice reconnues par
permettre les échanges et favoriser la conver-
La FSM s'est engagée dans ce cadre à conti-
l'Ordre National des Médecins.
gence entre les différentes composantes de la
nuer à apporter sa contribution au déploie-
spécialité et de jouer un rôle d'interface entre
Pendant dix ans, la FSM
ment du DPC (Développement Professionnel
la spécialité et les pouvoirs publics et les autres
Continu), à l'indépendance de l'expertise ainsi
a mené de nombreuses
acteurs intervenant dans le champ de la santé.
qu'à l'évolution des métiers et des compé-
Ils reposent sur l'indépendance scientifique, la
tences des médecins.
réflexions transversales sur
transparence financière et une politique affi-
La FSM a également signé des conventions la méthodologie, l'organisation,
chée de gestion des conflits d'intérêts.
avec l'ANSM, l'ASIP Santé, l'IGAS, l'NPES, la
La FSM regroupe 44 CNP (voir encart).
la labellisation, et l'évaluation
HAS, l'ONIAM et le CNOM. Ces partenariats
Comment fonctionne la FSM ?
ont comme point commun de confier un rôle
des actions de FMC, puis
La FSM se veut transversale et subsidiaire.
central à la FSM dans la conduite de l'exper-
sur l'évaluation des pratiques
Sa transversalité permet de mener une ré-
tise professionnelle à laquelle ont recours ces
flexion constructive sur des thèmes communs,
partenaires et de reconnaître le rôle des CNP
en particulier dans les domaines de la métho-
comme porte d'entrée vers les spécialités. Q
dologie et de l'évaluation, au service des CNP et en partenariat avec les autres acteurs du
Président de la FSM
monde la santé.
Sa subsidiarité signifie qu'elle ne se substitue jamais aux CNP dans leur représentativité propre et sur des sujets spécifiques au fonc-
RETROUVER LA LISTE DES ADHÉRENTS SUR
tionnement interne d'une spécialité.
www.centraliens.net
Machine Learning
for Neurological Disorders
The last two decades have seen tremendous advances in our understanding of human brain
structure and function, particularly at the level of systems neuroscience, where neuroimaging
methods have led to better delineation of brain networks and brain modules.
Brain understanding is one of the greatest challenges of our century with enormous
potential impact in a number of fields, including medicine.
Recent progress in the hardware algorithms. By employing novel machine
side has made possible the in-vivo learning algorithms and representations, acquisition on top of structural/
we expand our ability to understand brain
anatomical data, functional infor-
function in a way that is reproducable, in-
mation (through emerging image moda-
terpretable, and statistically sound.
lities like functional magnetic resnonance A key area of neuroscience that we have
imaging (fMRI), diffusion tensor imaging been working on is the understanding of the
(DTI), magneto encephalogram (MEG), neural mechanisms of cocaine addiction.
electro encephalogram (EEG), etc.) in a In collaboration with neuroscientists at the
non-invasive manner depicting task-speci-
Icahn School of Medicine in New York and
fic states of the brain. Such information can
computer scientists at Stony Brook Univer-
be of great interest towards understanding sity, we have employed recordings of co-
of neurogenerative diseases, and providing caine addicted and control subjects to find
means of assessing the impact of different regions of the brain that discriminate the
two groups based on functional activations
These data are by necessity high dimensio-
in a task carefully designed to differentially
nal and complex, driving the widespread invoke associations with word meanings. application of machine learning techniques
The work has been successful not only in
for their analysis. Machine learning in this showing the applicability of novel machine
context works by learning a regressor from
learning techniques, but in its confirmation
Caption: A visualization of the areas of the brain iden-
tified as being discriminative between cocaine addicted
the space of brain recordings (e.g. voxels of a
of the deactivation of the rostral anterior
and control subjects. The rostral anterior cingulate cor-
fMRI scan) to an output variable describing
cingulate cortex (rostral ACC) in cocaine
tex is prominent in the selected areas implicating a role
a condition to be explained. The form of the
addicted vs. control groups. This is an im-
in cocaine addiction (Gkirtzou et al., ISBI 2013).
regressor is important as it encodes the class
portant result as it provides evidence that
of interrelationships within the brain that certain categories of theraputic interven-can be learned, e.g. linear relationships, or tions previously applied in other addictions non-linear interactions encoded in a graph may be effective in cocaine addiction as structure. Equally important is the choice of
well. As a result of this research, Katerina
output variable, e.g. the presence or absence
Gkirtzou successfully defended her doctoral
of a neural disorder, or the identity of a dissertation entitled "Sparsity regularization stimulus or task undertaken by the subject and graph-based representation in medical during recording. Through the form of the imaging" in December, 2013.
regression task, a large number of neuros-
A focus of research in our group has been
cientific questions may be elucidated, e.g. on the development of methodologies for
the neural correlates of visual processing, neuroscientific studies, rather than simply
emotion, addiction, Alzheimer's, or autism.
providing an answer to a specific question.
In the Center for Visual Computing, our We are therefore addressing applications research in this area has been guided by to several neurological disorders, including the translation of neuroimaging problems Alzheimer's disease and autism. Our work into rich mathematical representations is greatly assisted through collaboration and such as graphs for use in machine learning
integration with multiple partners on the
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
santé : l'affaire de tous
Saclay Plateau, and assisted by resources Figure 2
made available to support such integration.
Caption: We are exploring graph theoretic methods for
Wacha Bounliphone is a doctoral student fMRI analysis, including novel visualizations of brain
activity (Gkirtzou et al., MLMI 2013).
jointly funded by Centrale and Supelec, and cosupervised by Matthew Blaschko (Centrale & Inria) and Arthur Tenenhaus (Supelec). Her doctoral research is focused on statistical tools for the integration of neuroimaging and genetics information. Such tools are essential to understanding both the neural and genetic mechanisms of Alzheimer's, and the statistical tools developed will be immediately applicable to multi-modal data analysis across a wide range of domains.
Our work on autism is primarily supported
through Digiteo, an organization created
to support scientific research and collabo-
ration across dozens of laboratories on the
Saclay Plateau, including Ecole Centrale.
We are fortunate to have both a visiting
chair (Prof. Dimitris Samaras, Stony Brook
University), and a doctoral student fun-
ded by Digiteo. Due to the largely fractu-
red nature of neuroscience data collection,
and the statistical benefits of larger sample
sizes, a recent development in neuroscience
has been the creation of amalgamated
databases incorporating recordings taken
at multiple sites, such as the Autism Brain Figure 3
Caption: We have made use of discriminative latent
Imaging Data Exchange, or the Functional variable models to infer functional connectivity of the Imaging Biomedical Informatics Research brain from M/EEG recordings (Zaremba et al, IPMI Network. These databases are sufficiently 2013).
anonymized to ensure patient privacy, and provide sample sizes infeasible to collect at a single site. They have begun to develop a culture of open data in neuroscience, and have enabled scientific discoveries in a short time-span. Nevertheless, such collections inevitably contain heterogeneities, both in recording conditions and annotation.
www.centraliens.net
It is within this context that we are develo-
methodologies for neuroscience studies, (ii)
ping new machine learning methodologies
addressing a wide range of neuroscientific
to enable large scale inference of neuros-
questions and applications, and (iii) ultima-
cientific principles from amalgamated fMRI
tely driving research that leads to increased
data sets. Due to the large scale nature of the
understanding of the mind and its patholo-
data, learning must be efficient. Further-
gies, as well as supporting improved thera-
more, the learning algorithm is to extract putic strategies driven by direct observation relevant annotations from noisy or incom-
of functional activations of the brain. Our
plete structured data fields associated with
research is strongly supported by partners
the fMRI recordings.
across the Saclay Plateau including Inria,
The range of mathematical methods deve-
Supelec, Digiteo, and Neurospin (a neuroi-
loped at Centrale for neuroimaging stu-
maging laboratory of the CEA).
dies is diverse, spanning discriminative latent variable models, structured sparsity
regularization, the representation of brain recordings as graphs, and structured output prediction. By applying a range of statistical innovations to a diverse set of interesting neuroscientific questions and problems, our lab is endeavoring to maximize its im-pact from the perspective of (i) innovating
Apprentissage automatique sur ordinateur
appliqué aux désordres neurologiques
Les outils modernes (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, magnéto-encéphalographie, électro-encéphalographie) dédiés à l'étude du fonctionnement et aux pathologies du cerveau génèrent d'énormes quantités de données qui sont mul-timodales et multidimensionnelles. Notre groupe est spécialisé dans la genèse d'outils destinés à l'analyse de telles données, notamment via l'apprentissage automatique sur ordinateur qui permet des informations pertinentes de grandes masses de données. Par exemple, nous avons pu identifier à partir des données d'IRM fonctionnelle, une zone du cerveau dont l'activité est différente chez les cocaïnomanes par rapport aux sujets sains. Nous sommes particulièrement bien implantés sur le plateau de Saclay via des collaborations avec Supélec, Neurospin etc.
Centraliens no632 [mars/avril 2014]
Source: http://www.silvervalley.fr/IMG/pdf/dossier_centrale_sante.pdf
Islamic Governance and Democracy Intersection and Separation During the Iraq War in 2003, the U.S. administration of George W. Bush advocated "democratization of the Middle East region." Also, with the establishment, in Iran, of the Khatamī administration in 1997, lively discussions began on the relationship between the Islamic governance of Iran and democracy. Th
Bachelor's thesis Degree programme – Test and Prevention BACHELOR´S THESIS ABSTRACT TURKU UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES Degree programme Nursing Completion of the thesis 44 Instructor: Heikki Ellilä & Mari Lahti Author: Grace Kamau CERVICAL CANCER ; TEST AND PREVENTION The main target group for this bachelor's thesis was mainly the female, having just basic information on cervical cancer the author sought to know more on cervical cancer in depth forcusing closely on the cause of cervical cancer,ways of testing cervical cancer as well as possible ways of prevention. A few of treatment methods have been mentioned although not much emphasis was put on it since the author was dealing mainly with prevention.